Neuvaine de Pentecôte 2024

Jour 9 (samedi 18 mai)

« Car l’amour est fort comme la mort,

La jalousie inflexible comme le shéol ;

Ses traits sont des traits de feu, une flamme de Yahvé.

Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves le submerger.

Qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour ne recueillerait que mépris. » Ct 8, 6-7

«L’amour est fort comme la mort : quelle parole admirable, mes frères! L’amour est fort comme la mort. La force de l’amour ne peut trouver d’expression plus magnifique que celle-ci : l’amour est fort comme la mort. Frères, qui résiste à la mort? Ecoutez-moi : on résiste aux flammes, aux flots, à l’épée. On résiste aux tyrans et aux rois. Vienne la mort, qui lui résiste ? Rien n’est plus fort qu’elle. L’amour seul peut se mesurer à sa Force. On peut dire que l’amour est fort comme la mort »

Saint Augustin, Méditations sur les psaumes, 121

« Notre bon Seigneur répondit donc à toutes mes questions à et à tous mes doutes. Il me réconforta par ces paroles : “Je puis tout tourner en bien, Je sais tout tourner en bien. Je vais tout tourner en bien. Je veux tout tourner en bien. Et tu le verras toi-même toutes choses tourneront en bien”. (…) Par ces cinq paroles, Dieu veut que nous soyons dans une enceinte de repos et de paix. »

Sainte Julienne de Norwich, Révélations de l’Amour divin

 

«Voyez quel amour, quel soin et quelle jalousie une mère poule a pour ses poussins (notre Seigneur n’a pas estime cette comparaison indigne de son Evangile). La poule est une poule, c’est-à-dire un animal sans courage ni générosité quelconque tandis qu’elle n’est pas mère ; mais quand elle l’est devenue elle a un cœur de lion, toujours la tête levée, toujours les yeux hagards, toujours elle va roulant sa vue de toutes parts, pour peu qu’il y ait apparence de péril pour ses petits ; il n’y a ennemi aux yeux duquel elle ne se jette pour la défense de sa chère couvée, pour laquelle elle a un souci continuel qui la fait toujours aller gloussant et plaignant: que si quelqu’un de ses poussins périt, quels regrets! quelle colère! C’est la jalousie des pères et mères pour leurs enfants…»  

Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu chapitre 10

 

Mon âme réjouie, mon âme réjouie…

Dieu abandonne-t-il son ami ? Dis-moi, mon âme ? 

Non jamais ! 

Dieu uni à mon âme ? 

Réveillez-vous tous les ennemis ! …. 

Tous les ennemis peuvent dire que mon âme meurt… 

Non, car le Seigneur l’a ressuscitée en plein jour…

Tous disent : l’âme meurt dans les ténèbres.   

Mon Maître ! Mon âme réjouie à la raillerie de mes ennemis, mon âme réjouie ! 

Plusieurs disent : elle est morte, enterrez-la. Mon âme, venez voir : le Seigneur la tient entre ses mains… Il n’y a point de mort ! 

Ses amis se changent en ennemis… Ils disent : elle est morte, enterrez-la… Point de vie! 

Venez voir en plein jour : mon âme vit dans les mains du Seigneur ! 

Toute la terre le sanctifie et mon âme est réjouie ! Le Ciel m’appartient ! Ma Patrie, mon Parent, mon Père, ma Mère sont à moi! 

Je dors d’un sommeil comme l’enfant avec sa mère. Il dort dans les bras de sa mère, il tressaille sous son regard.

Mon âme dort, il repose … 

Sainte Mariam de Jésus-Crucifié, cahier réservé 7

 

L’attitude de ce dernier jour de la Neuvaine, c’est avoir l’assurance que l’Amour est plus fort que tout. C’est placer notre entière confiance en Dieu et en la puissance de l’Esprit d’Amour, en étant certains que « tout tournera en bien », comme dit Jésus à sainte Julienne…

L’Amour de Dieu est fort comme la mort, il veut nous garder jalousement dans l’amour comme la poule qui garde ses poussins… et personne ne peut nous arracher de sa main (cf Jn 10, 28-29) Et si un jour nous sommes dans l’épreuve au point de croire notre âme « morte » et d’avoir l’impression que nous n’avons que des « ennemis », quand les adversités ne cessent de nous tomber dessus, sainte Mariam nous fait comprendre, à sa façon poétique, que l’Amour de Dieu est quand même encore le plus fort et nous ressuscitera de toute forme de mort.

Cette assurance nous conduira à une joie profonde, que nul ne pourra nous enlever. (cf Jn16,22)

 

Esprit-Saint, mon amour est fragile. A chaque instant, je peux tomber, t’oublier…Mais toi, ton amour est invincible. Augmente ma foi pour que ma confiance en ton amour soit totale et ne se laisse submerger par rien. 

Qu’à partir de maintenant, je vive avec toi comme avec un ami intime.

Que je puisse tous les jours : te désirer, t’écouter, te chercher, t’admirer, me donner entièrement à toi et à mes frères et sœurs, me laisser conduire par toi et m’abandonner à toi, dans la confiance, la paix, la joie.

 

Que demain, pour la fête de Pentecôte, je puisse

te dire d’une façon renouvelée, plus profonde, plus vraie :

 

Esprit-Saint,
Je t’offre mon corps,
mon âme et mon esprit.

Je mets à ta disposition
tout mon temps,
Tout ce que je possède
et tout ce que je suis.

Remplis mon cœur,
éclaire mon intelligence
et conduis ma volonté.

Rends-moi humble et confiant(e)
pour que je puisse quitter tout mal
et vivre dans la sainteté.

Que par toi, ma vie soit un acte d’amour,
au service de mes frères et sœurs
pour leur salut et pour la gloire de Dieu.

Amen

 

Jour 8 (vendredi 17 mai)

« Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé ?

(…)

Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. » Ct 8, 5-6

«O ma fille, ma fille et mon épouse chérie ! »Et puis il (le Saint-Esprit) ajoutait :

« Oh ! je t’aime, je t’aime plus qu’aucune autre personne qui soit dans cette vallée.

O ma fille et mon épouse ! Je me suis posé et reposé en toi ;

maintenant pose-toi et repose-toi en moi. »

Sainte Angèle de Foligno, livre des visions et instructions, chapitre 20

Cette parole de Job : « Quand même Dieu me tuerait, j’espèrerais encore en lui » m’a ravie dès mon enfance. Mais j’ai été longtemps avant de m’établir à ce degré d’abandon. Maintenant j’y suis ; le bon Dieu m’y a mise, il m’a prise dans ses bras et m’a posée là…

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Carnet Jaune de Mère Agnès, 7 juillet 1897

 

L’amour consiste en une communication réciproque; c’est-à-dire que celui qui aime donne et communique ce qu’il a, ou une partie de ce qu’il a ou de ce qu’il peut, à celui qu’il aime; et de même, à l’inverse, celui qui est aimé, à celui qui l’aime. De cette manière, si l’un a de la science, il la donne à celui qui ne l’a pas; de même pour les honneurs et les richesses. Et l’autre agira de même envers le premier.

(…)

Le premier point est de me remettre en mémoire les bienfaits reçus ceux de la création, de la rédemption et les dons particuliers, pesant avec beaucoup d’émotion tout ce que Dieu notre Seigneur a fait pour moi et tout ce qu’il m’a donné de ce qu’il a, et enfin que le Seigneur lui-même désire se donner à moi, autant qu’il le peut, selon son divin dessein. 

Et, à partir de là, réfléchir en moi-même en considérant ce que, de mon côté, je dois offrir et donner en toute équité et justice à sa divine Majesté : tous mes biens et moi-même avec eux, comme quelqu’un qui fait une offrande en y mettant tout son cœur : 

« Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, et toute ma mémoire, mon intelligence, ma volonté, tout ce que j’ai et tout ce que je possède. 

Vous me l’avez donné ; à Vous, Seigneur, je le rends. Tout est vôtre, disposez-en selon votre entière volonté. Donnez-moi de vous aimer ; donnez-moi cette grâce, celle-ci me suffit. » 

Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels,

Contemplation pour parvenir à l’amour

 

L’attitude de ce jour, alors que nous approchons de la fin de la Neuvaine, est celle d’un abandon profond. Être « posé là » comme dit sainte Thérèse, posé sur le cœur de Dieu… posé et reposé dans l’Esprit-Saint, comme le dit l’Esprit-Saint lui-même à sainte Angèle. 

Vers la fin de ses Exercices Spirituels, Saint Ignace invite à l’attitude de l’abandon : abandonner à Dieu toute sa volonté, sa liberté, sa mémoire, son intelligence…toutes les facultés de son âme, de son cœur, de son esprit…

 

 

Esprit-Saint, montre-moi comment je peux davantage m’abandonner à toi aujourd’hui.

Je veux m’appuyer et me reposer entièrement sur toi.

Pose-moi et conduis-moi où tu veux.

Fais de moi ce que tu veux.

 

 

Esprit-Saint, viens dans le cœur et l’esprit des responsables politiques, des dirigeants de pays ou d’organisations, d’entreprises… pour qu’ils se laissent guider et conduire par toi dans leurs idées, leurs paroles, leurs décisions.

 

Jour 7 (jeudi 16 mai)

« (…) tes discours, un vin exquis.

-Il va droit à mon bien-aimé, comme il coule sur les lèvres de ceux qui sommeillent. » Ct 7, 10

La Sagesse est Sagesse d’amour. Elle est au service de Dieu qui est amour.

Or l’amour est le bien diffusif de soi. Il a besoin de se répandre et trouve sa joie à se donner.

Sa joie est à la mesure du don qu’il fait et de sa qualité. Parce qu’elle est tout entière au service de Dieu, la Sagesse va utiliser toutes ses ressources pour diffuser l’amour. Il n’est donc pas étonnant que cette Sagesse d’amour trouve sa joie auprès des enfants des hommes, parce que dans leur âme elle peut répandre le meilleur de ses dons créés, la grâce, qui est une participation à la nature et à la vie de Dieu. (…)

La Sagesse d’amour est essentiellement active. Le mouvement ne lui est pas un état passager : il est constant. Si le bien diffusif de soi qu’est l’amour cessait un instant de se répandre, il ne serait plus amour. L’amour qui s’arrête se transforme en égoïsme. Dieu engendre sans cesse son Fils, du Père et du Fils procède constamment le Saint-Esprit ; c’est pourquoi Dieu est éternel Amour.

L’amour qui nous est donné ne saurait s’arrêter en nos âmes. Il a besoin de remonter vers sa source et il veut par nous continuer son mouvement de diffusion de lui-même. En nous conquérant, la Sagesse d’amour nous fait entrer dans l’intimité divine, mais elle nous emporte vers son but dans la réalisation de ses desseins d’amour.

Elle nous transforme immédiatement en canaux de sa grâce et en instruments de ses œuvres. L’amour est essentiellement dynamique et dynamogène. (…) La Sagesse d’amour conquiert les âmes moins pour elles-mêmes que pour son œuvre. Elle n’a qu’un but qui est l’Église. Elle nous choisit comme membres de l’Église, pour que nous y tenions une place et y remplissions une mission.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus,

Je veux voir Dieu, IIIème partie, ch.1( la Sagesse d’amour)

Le cri de Jésus sur la croix retentissait continuellement dans mon cœur ; « J’ai soif ! » Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue et très vive. Je voulais donner à boire à mon Bien-Aimé et je me sentais moi-même dévorée par la soif des âmes… (…)

J’avais obtenu « le signe » demandé et ce signe était la reproduction fidèle de grâces que Jésus m’avait faites pour m’attirer à prier pour les pécheurs. N’était-ce pas devant les plaies [de] Jésus, en voyant couler son sang Divin que la soif des âmes était entrée dans mon cœur? Je voulais leur donner à boire ce sang immaculé qui devait les purifier de leurs souillures, et les lèvres de « mon premier enfant » allèrent se coller sur les plaies sacrées !!!… Quelle réponse ineffablement douce !… Ah ! depuis cette grâce unique, mon désir de sauver les âmes grandit chaque jour, il me semblait entendre Jésus me dire comme à la samaritaine : « Donne-moi à boire  !» C’était un véritable échange d’amour ; aux âmes je donnais le sang de Jésus, à Jésus j’offrais ces mêmes âmes rafraîchies par sa rosée Divine; ainsi il me semblait le désaltérer et plus je lui donnais à boire, plus la soif de ma pauvre petite âme augmentait et c’était cette soif ardente qu’Il me donnait comme le plus délicieux breuvage de son amour…

           Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Ms A 45v°-46v°

« Tout chrétien doit donc être apôtre : ce n’est pas un conseil, c’est un commandement, le commandement de la charité.

« Être apôtre, par quels moyens ? Par ceux que Dieu met à sa disposition (…)

Les laïcs doivent être apôtres envers tous ceux qu’ils peuvent atteindre : leurs proches et leurs amis d’abord, mais non eux seuls ; la charité n’a rien d’étroit, elle embrasse tous ceux qu’embrasse le cœur de Jésus – Par quels moyens ? Par les meilleurs, étant donné ceux auxquels ils s’adressent: avec tous ceux avec qui ils sont en rapport, sans exception, par la bonté, la tendresse, l’affection fraternelle, l’exemple de la vertu, par l’humilité et la douceur toujours attrayantes et si chrétiennes ; avec certains, sans leur dire jamais un mot de Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, aimant, étant un tendre frère et priant; avec d’autres, en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils peuvent porter; (…) 

Saint Charles de Foucauld, lettre à J. Hours

 

Ma Mère chérie, je vous ai rappelé le premier travail que Jésus et vous, avez daigné accomplir par moi ; ce n’était que le prélude de ceux qui devaient m’être confiés. Lorsqu’il me fut donné de pénétrer dans le sanctuaire des âmes, je vis tout de suite que la tâche était au-dessus de mes forces, alors je me suis mise dans les bras du bon Dieu, comme un petit enfant et cachant ma figure dans ses cheveux, je Lui ai dit : Seigneur, je suis trop petite pour nourrir vos enfants; si vous voulez leur donner par moi ce qui convient à chacune, remplissez ma petite main et sans quitter vos bras, sans détourner la tête, je donnerai vos trésors à l’âme qui viendra me demander sa nourriture. Si elle la trouve à son goût, je saurai que ce n’est pas à moi, mais à vous qu’elle la doit ; au contraire, si elle se plaint et trouve amer ce que je lui présente, ma paix ne sera pas troublée, je tâcherai de lui persuader que cette nourriture vient de vous et me garderai bien d’en chercher une autre pour elle.

 

           Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Ms C, 22r°-22v° 

 

L’attitude de ce jour est de collaborer activement avec l’Esprit-Saint pour qu’il puisse « couler » à travers nous « sur les lèvres de ceux qui sommeillent »… C’est être vraiment au service de l’Amour qui veut se diffuser et se répandre en tous, comme le dit si bien Marie-Eugène.

L’Amour a soif de se donner … exprimé autrement par Thérèse…

Charles de Foucauld nous donne quelques moyens pratiques …

Mais n’oublions pas que c’est avant tout laisser l’Esprit-Saint agir par nous… L’attitude de  Thérèse avec ses novices nous en donne un bel exemple… (2ème extrait)

 

 

Esprit-Saint, je veux te laisser m’utiliser à ta guise

pour te répandre sur toutes les personnes que je rencontre.

Que je sois tout donné à toi pour me donner aux autres,

à tous ceux vers qui tu m’envoies,

qu’ils soient proches ou lointains, connus ou même inconnus de moi.

Coule, Esprit-Saint, à travers moi sur tous ceux qui en ont besoin.

 

 

Esprit-Saint, viens brûler le cœur de tous ceux qui ont une mission d’évangélisation : les évêques, les prêtres, les catéchistes, les enseignants, parents, éducateurs… et tous les baptisés…Viens Esprit de Feu…

Que tous soient des missionnaires brûlants au service de l’Amour.

Jour 6 (mercredi 15 mai)

« Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite !

Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles des gouttes de la nuit. »

-« J’ai ôté ma tunique, comment la remettrais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? »

Mon bien-aimé a passé la main par la fente et pour lui mes entrailles sont frémi. Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigt la myrrhe vierge, sur la poignée du verrou.

J’ai ouvert à mon bien-aimé mais tournant le dos, il avait disparu !

Sa fuite m’a fait rendre l’âme. Je l’ai cherché mais ne l’ai point trouvé, je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu ! » Ct 5, 2-6

LA GARDE

Ce que j’entends par la garde, c’est l’acte par lequel l’homme livre à Dieu sa volonté propre et toute sa propriété pour ne plus pouvoir vouloir que ce que Dieu veut. Alors notre liberté est mise sous la garde de la liberté divine ; nous sommes libres ; Dieu est libre ; il faut enclore notre volonté dans la sienne. Quel que soit notre genre de vie et l’habit qui nous couvre, il faut que chacun devienne le saint de Dieu. Tant que nous aimons mieux prendre nos sûretés que de nous confier absolument, tant que notre volonté a des caprices étrangers à l’union divine, des fantaisies de oui et de non, nous restons à l’état d’enfance, nous ne marchons pas à pas de géant dans l’amour; car le feu n’a pas encore brûlé tout l’alliage; l’or n’est pas pur; nous sommes encore les chercheurs de nous-même; Dieu n’a pas consumé toute notre hostilité à lui. Mais quand le bouillonnement de la chaudière a consumé et brulé tout amour vicieux, toute douleur vicieuse, toute crainte vicieuse de perdre ou de ne pas gagner, alors l’amour est parfait, et l’anneau d’or de notre alliance est plus large que le ciel et la terre. Voilà le cellier secret où l’amour place ses élus ; voilà le mystère que chante l’Épouse du Cantique des cantiques.

           Bienheureux Jan van Ruysbroeck, Œuvres choisies par Ernest Hello, La Garde (extrait du livre des Sept clôtures)

 

Ce que tu tiens, tiens-le !

 Ce que tu fais, fais-le et ne le lâche pas. 

Mais marche avec prudence sur le chemin du bonheur.

Cours vite, d’un pas léger, sans attaches aux pieds,

pour que tes pas ne ramassent même pas la poussière.

Avance avec sûreté, joyeuse et vive !

L’Esprit du Seigneur t’a appelée à une vie parfaite.

Si quelqu’un veut te détourner de ce choix,

s’il met sur ta route une pierre

Pour t’empêcher d’accomplir tes vœux au Très-Haut

dans cette forme de vie,

ne lui fais aucune confiance, n’accepte rien de lui. 

Sainte Claire d’Assise, deuxième lettre à sainte Agnès de Prague

 

Quand il avait manqué, il ne faisait autre chose que d’avouer sa faute et dire à Dieu : « Je ne ferai jamais autre chose, si vous me laissez faire ; c’est à vous à m’empêcher de tomber et à corriger ce qui n’est pas bien. » Après cela, il ne se mettait point en peine de sa faute.  

           Frère Laurent de la Résurrection, Entretiens 16.

 

L’attitude de ce jour 6 est double : il y a premièrement une invitation à ne plus avoir des « fantaisies de oui et de non » comme dit Ruysbroeck mais à nous décider vraiment et nous donner sans retour en arrière. De tenir fermement ce qu’on a, comme dit sainte Claire.

Mais en même temps, il faut accepter humblement que nous refusons encore souvent d’aller ouvrir et que nous nous trouvons des excuses pour satisfaire notre confort …matériel ou spirituel…

 L’attitude alors est alors, comme frère Laurent, de ne pas s’en troubler inutilement mais humblement repartir à sa recherche du bien-aimé à qui nous n’avons pas ouvert…

Esprit-Saint, il m’arrive de ne pas t’ouvrir tout de suite, d’hésiter, d’avoir peur d’aller trop loin, de me trouver des excuses plutôt que de me lever prestement pour aller t’ouvrir et te laisser m’emmener vers l’inconnu.

Aujourd’hui,

je veux me décider vraiment pour toi et cesser mes fantaisies de oui et de non…

Donne-moi la force de repartir à ta recherche,

quand je réalise que je ne me suis pas levé assez vite pour ouvrir,

que je me suis préféré à toi…

Esprit-Saint, viens visiter les couples dont l’amour s’est attiédi, qui n’arrivent plus à s’aimer. Viens raffermir, renouveler, ressusciter leur amour.

Viens visiter les familles qui se déchirent, viens au cœur de toutes les souffrances des familles, viens Esprit-Saint, y apporter l’unité et la paix.

Jour 5 (mardi 14 mai)

« Que mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu’il en goûte les fruits délicieux.

-J’entre dans mon jardin,

Ma sœur, ô fiancée, je récolte ma myrrhe et mon baume, je mange mon miel et mon rayon, je bois mon vin et mon lait. » Ct 4,16-5, 1

« Le propre de l’amour est de toujours donner, et toujours recevoir. Or l’amour de Jésus est avide et libéral. Tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, il le donne ; tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes, il l’enlève. Il demande plus que nous ne sommes, par nous-mêmes, capables de donner. Il a une faim immense, qui veut nous dévorer absolument. Il entre jusque dans la moelle de nos os, et plus nous le lui permettons avec amour, plus nous le goûtons avec ampleur. Mais il nous dévore sans se rassasier. Il a une faim immense, une faim insatiable. Il sait bien que nous sommes pauvres ; mais il n’en tient aucun compte, et ne nous fait grâce de rien. Il se fait en nous son pain lui-même, brûlant d’abord dans son amour, vices, fautes et péchés. Puis, quand il nous voit purs, il arrive béant comme un vautour qui va tout dévorer. Il veut consumer notre vie, pour la changer en la sienne, la nôtre pleine de vices, la sienne pleine de grâce et de gloire, toute préparée pour nous, si seulement nous nous renonçons. Or, si nos yeux étaient assez bons pour voir cette avide appétence du Christ, qui a faim de notre salut, tous nos efforts ne nous empêcheraient pas de nous envoler dans sa bouche ouverte. J’ai l’air de dire des absurdités ; mais tous ceux qui aiment me comprendront. Or l’amour de Jésus est d’une nature noble. Là où il a dévoré, c’est là qu’il veut nourrir. Quand il nous a mangés, c’est lui qui se donne …»

Bienheureux Jan van Ruysbroeck,

Œuvres choisies par Ernest Hello, Thabor IV (extrait du « Miroir du salut éternel »)

 

« Je dois travailler à déraciner ce «moi » tenace qui se redresse à chaque instant, voulant tout dominer. Avec le secours de la grâce, je le sens déjà faible et prêt à se rendre mais je voudrais le tuer et l’enterrer plus profondément.

« En vérité, c’est le plus redoutable ennemi de la perfection, ce « moi », avec son amour propre, ses goûts, la recherche de ses commodités. Le « moi» abattu, la place est nôtre et Jésus aussi est tout à nous, Lui qui n’entre pas dans une maison déjà occupée. Alors le Saint-Esprit devient tout à nous. Il n’établit son refuge que dans la solitude d’une âme pure. Alors le regard du Père aime prendre son repos dans une demeure paisible où peut se refléter son image divine.

Ô délicieux dépouillement de tout, vide absolu, tout envahi par Dieu ! Ô solitude et bienheureuse quiétude, oblation totale de la créature à son Créateur ! O véritable et parfaite pauvreté spirituelle dans laquelle l’âme ne garde rien à soi ! Elle ne s’approprie pas ce que le Seigneur a déposé en elle. Humble et reconnaissante, elle fait tout remonter vers le Maître éternel de toutes choses !»

Bienheureuse Conchita Cabrera de Armida, C.C. 5/9/1897

 

Je me suis déjà livrée et donnée tout entière,

Et j’ai fait un tel échange,

Que mon Bien-Aimé est à moi

Et que je suis à mon Bien-Aimé.

Quand le doux chasseur

A tiré sur moi et m’a laissée épuisée,

Dans les bras de l’amour

Mon âme est tombée.

Et trouvant une vie nouvelle,

J’ai fait un tel échange,

Que mon Bien-Aimé est à moi

Et que je suis à mon Bien-Aimé.

Il m’a lancé une flèche

Tout embrasée d’amour ;

Et mon âme a contracté

Une union intime avec son Créateur.

Désormais je ne veux plus d’autre amour ;

Puisque je me suis livrée à mon Dieu,

Mon Bien-Aimé est à moi

Et je suis à mon Bien-Aimé. 

Sainte Thérèse d’Avila, Poésie IV

En ce jour 5, jour central de la Neuvaine, nous arrivons à une attitude centrale, elle aussi, qui pourra encore se déployer sous diverses formes dans les jours suivants.

Après le décentrement de soi progressif des jours précédents, l’attitude d’aujourd’hui est celle du don total de soi.

L’image utilisée, dans le Cantique ou dans le texte de Ruysbroeck, est de se « laisser manger » et même « dévorer » …Ce qui pourrait sembler un peu choquant… Mais c’est tout simplement, comme l’explique Conchita par exemple (mais on pourrait citer tous les saints), renoncer à son moi pour laisser toute la place à l’Esprit-Saint, à Jésus… Lui être donné tout entier, comme le dit Thérèse d’Avila dans cette belle poésie…

Esprit-Saint, aujourd’hui je me donne à toi entièrement.

Je t’offre mon corps, mon âme et mon esprit, comme jamais auparavant.

Viens « dévorer », brûler de ton feu, tout ce qui en moi n’est pas ajusté à toi.

Que je puisse te laisser entrer et agir en moi comme dans ton jardin, comme dans ta propriété …

Esprit-Saint, viens visiter les gens qui souffrent, dans leur corps, leur âme, leur esprit.

Viens visiter les malades, ceux qui souffrent dans leur psychisme, les prisonniers, les isolés…

Viens Esprit Consolateur…

Jour 4 (lundi 13 mai)

« Que tu es beau, mon bien-aimé, combien délicieux… » Ct 1,16

« Qu’a donc ton bien-aimé de plus que les autres, que tu nous conjures de la sorte ?

-Mon bien-aimé est frais et vermeil, il se reconnaît entre dix mille.

Sa tête est d’or, d’un or pur (… )

Ses discours sont la suavité-même, et tout en lui n’est que charme, tel est mon bien-aimé, tel est mon époux, filles de Jérusalem »

Ct 5, 9-11.16

« (…)Alors le Père Séraphim me serra fortement les épaules et dit :<< Vois ! Nous sommes, en cet instant même, tous les deux dans la plénitude de l’Esprit Saint ! Pourquoi ne me regardes-tu pas ?

Petit père, lui dis-je, je n’y arrive pas ! Des éclairs jaillissent de vos yeux ! Votre visage est plus resplendissant que le soleil ! Les yeux me brûlent comme une fournaise !- N’ayez pas peur, dit le Père Séraphim. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi. Vous aussi, vous êtes à présent dans la plénitude de l’Esprit-Saint. S’il en était autrement, vous n’auriez pas pu me voir ainsi »>. Il inclina la tête vers moi et me murmura doucement à l’oreille : << Remerciez le Seigneur de nous avoir donné cette grâce ineffable. Avez-vous remarqué ? Je n’ai pas eu à faire un seul signe de croix. Simplement, dans mon cœur, dans ma pensée, j’ai prié le Seigneur : « Mon Dieu, rends-le digne de voir avec ses yeux de chair la venue de ton Esprit Saint, comme Tu l’as fait voir à tes serviteurs élus lorsque Tu daignas leur apparaître dans la magnificence de ta gloire ! » « Et voilà, petit père : Dieu a immédiatement exaucé l’humble prière du pauvre Séraphim ! Comment ne pas le remercier pour ce don inexprimable qu’il nous a accordé à tous deux << Voyez ! Ce n’est pas toujours aux grands que Dieu manifeste sa grâce ! (…)

 «Eh bien, pourquoi ne me regardez-vous pas dans les yeux ? Osez, oui, osez me regarder, simplement, sans crainte ! Dieu est avec nous !»>

Après ces mots, je regardai son visage et je fus envahi d’une peur surnaturelle plus grande encore. Représentez-vous le visage d’un homme qui vous parle au milieu d’un soleil, dans l’éclat le plus éblouissant des rayons de midi. Vous voyez les mouvements de ses lèvres et l’expression changeante de ses yeux. Vous entendez sa voix. Vous sentez des mains qui vous serrent les épaules. Mais vous n’apercevez ni ses mains, ni son corps, ni le vôtre. Seulement une éclatante lumière qui se diffuse alentour sur plusieurs mètres de distance, illuminant la neige qui couvre la prairie comme celle qui tombe sur nos épaules, le grand staretz et moi-même.

Qui pourrait imaginer mon état en cet instant-là ! » 

           Saint Séraphim de Sarov, L’entretien avec Motovilov, chapitre 9

 

« Oui, tu es beau, mon Bien-Aimé »

« Puis donc que l’œil pur de cette âme est devenu capable de recevoir la marque distinctive de la Colombe, il peut par là même contempler aussi la beauté de l’Époux. C’est maintenant, en effet, que pour la première fois, la jeune femme peut fixer son regard sur la beauté de l’Epoux, c’est-à-dire depuis qu’elle a reçu la Colombe dans ses yeux (…)

Et elle dit : « Oui, tu es beau, mon Bien-aimé, et combien gracieux » (Ct 1.16) Car, depuis que rien d’autre ne ne parait beau et que je me suis détournée de tout ce que je comptais auparavant parmi les belles choses, jamais plus mon jugement sur la beauté ne s’est égaré en sorte de me faire estimer beau autre chose que toi, que ce soit la louange des hommes, la gloire, le renom ou la domination du monde. Ces choses peuvent bien, pour ceux qui regardent vers les sens, revêtir une apparence de beauté, mais elles ne sont pas ce que l’on pense. Comment pourrait être beau ce qui n’a aucune consistance ? Car ce qui est honoré en ce monde n’a d’existence que dans la pensée de ceux qui croient que cela existe. Mais toi, tu es véritablement beau. Et tu n’es pas seulement beau, mais tu es l’essence même de la beauté : tu es toujours semblable à toi-même, tu es éternellement ce que tu es, tu ne fleuris pas à un moment pour perdre ta fleur à un autre, mais, aussi loin que s’étend l’éternité de ta vie, aussi loin tu étends le charme de ta beauté, toi à qui il a été donné pour nom Amour des hommes » (cf. Tt 3,4). » 

Saint Grégoire de Nysse, 4ème homélie sur le Cantique des Cantiques

L’attitude de ce jour est de louer et d’admirer la beauté del’Esprit-Saint. Parfois, nous sommes tellement dans la demande par rapport à l’Esprit-Saint (viens, Esprit-Saint …faire ceci ou cela…) que nous en oublions de le louer et de l’admirer pour lui-même, lui qui est Vérité, Paix, Amour…  Nous pouvons également essayer de contempler la beauté de l’Esprit-Saint qui réside en nos frères et sœurs…même si ce n’est pas aussi spectaculaire que chez saint Séraphim !

Esprit-Saint, je veux te louer et admirer ta beauté.

Ouvre mes yeux pour que je m’émerveille de ta splendeur qui pénètre toute chose mais que tu communiques spécialement à l’âme humaine.

Donne-moi de pouvoir admirer ta beauté en chacun de mes frères et sœurs.

Esprit-Saint, viens restaurer ta beauté et ta pureté là où elle a été saccagée…Viens là où l’innocence des enfants a été abimée, là où la pureté a été souillée. Viens aussi te manifester, toi qui es Vérité, là où la vérité est occultée et ignorée.

 

Jour 3 (dimanche 12 mai)

« Sur ma couche, la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime.

Je l’ai cherché mais ne l’ai point trouvé ! Je me lèverai donc, et parcourrai la ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime. Je l’ai cherché, mais ne l’ai point trouvé.

Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville : « Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? »

A peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon cœur aime. 

Je l’ai saisi et ne le lâcherai point…»

Ct 3, 1-4

Donc, ô âme la plus belle entre toutes les créatures, qui désires tant savoir le lieu où se trouve ton Aimé afin de le chercher et de t’unir avec lui ! on te dit maintenant que tu es toi-même la demeure où il habite et la retraite et la cachette où il est caché ; ce qui est chose de grande satisfaction et de grande allégresse pour toi de voir que tout ton bien et toute ton espérance est tellement près de toi qu’il est en toi, ou, pour mieux dire, que tu ne peux exister sans lui. Voici -dit l’Époux – que le royaume de Dieu est au-dedans de vous (Lc 17,21); et son serviteur l’apôtre saint Paul: Vous – dit-il -vous êtes un temple de Dieu (2Co 6,16). C’est une grande satisfaction pour l’âme de comprendre que jamais Dieu ne manque à l’âme, même si elle est en péché mortel’, encore moins si elle est en grâce. Que veux-tu de plus, ô âme, et que cherches-tu de plus en dehors de toi, puisqu’au-dedans de toi tu possèdes tes richesses, tes délices, ta satisfaction, ta satiété et ton royaume, qui est ton Aimé que désire et cherche ton âme ? Réjouis-toi et exulte en ton recueillement intérieur avec lui, puisque tu le possèdes de si près. Là désire-le, là adore-le et ne va pas le chercher en dehors de toi, car tu te distrairas et fatigueras et ne le trouveras ni n’en jouiras pas plus sûrement, ni plus rapidement, ni de plus près qu’au-dedans de toi. Seulement il y a une chose à savoir que bien qu’il soit au-dedans de toi, il est caché. Mais c’est une grande chose de savoir le lieu où il est caché afin de le chercher là avec certitude. Et c’est ce qu’aussi tu demandes ici, âme, quand avec affection d’amour tu dis : Où t’es-tu caché ? Mais tu dis encore : Puisqu’il est en moi celui qu’aime mon âme, comment ne le trouvé-je pas, ni ne le senté-je ? La raison en est qu’il est caché, et que tu ne te caches pas aussi pour le trouver et le sentir parce que celui qui doit trouver une chose cachée, doit se cacher aussi et entrer jusqu’à la cache où elle est, et quand il l’a trouvée, lui aussi est caché comme elle. »

Saint Jean de la Croix, Cantique Spirituel, strophe 1, 7-9

Nous devons trouver l’Esprit Saint d’une façon personnelle, puisqu’il a pensé à nous d’une façon personnelle, puisqu’il nous a appelés, nous a aimés personnellement par notre nom. 

Nous sommes deux : l’Esprit Saint et nous-même. C’est lui qui fait son œuvre en nous. Il faut être convaincu par une certaine expérience que l’Esprit Saint est en nous. Il faut aussi se rappeler la présence de l’Esprit-Saint dans les âmes.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, I.1959  

Il ne s’agit pas de croire à l’Esprit-Saint d’une façon vague ; il faut que nous croyions en Lui comme à une réalité vivante, à une Personne vivante, intelligente, toute puissante, comme à une personne qui sait ce qu’elle veut, qui fait ce qu’elle veut, et qui sait où elle va.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, S260

 

L’attitude de ce jour est de chercher l’Esprit-Saint au plus profond de nous, avec amour et persévérance. Rechercher sa compagnie, même si sa présence ne se fait pas ressentir. Chercher sans relâche à être dans l’intimité de l’Esprit-Saint, aussi ardemment que la bien-aimée cherche son bien-aimé, sans nous décourager dans la nuit et les épreuves.

Esprit-Saint, attire-moi à toi. Que mon cœur te cherche sans relâche, nuit et jour.

Quand je suis dans l’épreuve et que j’ai l’impression de ne pas te trouver, viens me donner la force de te chercher encore, sans me décourager.

Et quand j’ai l’impression de te trouver, que je ne m’arrête pas non plus de te chercher…

Que je ne te lâche jamais…

Esprit-Saint, donne à tous les chrétiens le désir d’approfondir sans cesse leur foi en Dieu…Père, Fils et Esprit-Saint…

Qu’ils ne cessent jamais de chercher Dieu

et de vouloir vivre toujours davantage à l’école de l’Evangile.

Jour 2 (samedi 11 mai)

« J’entends mon bien-aimé. Voici qu’il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. 

Mon bien-aimé est semblable à une gazelle, à un jeune faon.

Voilà qu’il se tient derrière notre mur. Il guette par la fenêtre, il épie par le treillis. 

Mon Bien-Aimé élève la voix, il me dit : « Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens… » Ct 2, 8-10

« Celui qui, le matin, écouterait longuement, d’un proche bosquet, le chant délicieux des oiseaux : serins, linottes, chardonnerets, et qui entendrait tout à coup la mélodie parfaite de l’admirable voix d’un maître rossignol, ne préférerait-il pas ce seul chant à tous les autres ? Ainsi, lorsque l’on a entendu toutes les louanges que tant de différentes créatures font monter vers leur Créateur, et que l’on entend ensuite celle du Sauveur, on lui découvre une douceur, une portée, une perfection infinies, qui dépassent tout ce que le cœur aurait pu concevoir. L’âme, alors, comme réveillée d’un profond sommeil, ravie par le charme extrême de la mélodie, s’écrie: Oh! je l’entends, je l’entends, la voix de mon Bien-aimé !!, reine de toutes les voix, voix auprès de laquelle les autres ne sont qu’un morne silence. Voyez comme il s’élance, l’Ami si cher : le voici qu’il vient tressaillant ès plus hautes montagnes, outrepassant les collines. Sa voix retentit au-dessus des Séraphins et de toutes créatures. Le Bien-aimé a la vue aussi perçante que celle d’un chevreuil »

Saint François de Sales, Traité sur l’Amour de Dieu, n°440

« Que notre vie s’écoule en Lui, comme nous le disions l’autre jour, que ce soit vraiment notre demeure sur la terre. Là, faisons-nous silencieuses pour écouter Celui qui a tant à nous dire, et puisque, vous aussi, vous avez cette passion de l’écouter, nous nous retrouverons près de Lui pour entendre tout ce qui se chante en son âme. »

Sainte Elisabeth de la Trinité, L 164

 

L’attitude de ce jour est d’écouter la voix de l’Esprit-Saint qui nous appelle.

Pour percevoir sa Présence tout proche de nous, juste « derrière le treillis », arrêtons-nous, faisons silence à l’intérieur de nous, dans une attitude d’écoute amoureuse, comme la bien-aimée guette la voix du bien-aimé qui approche.

Apprenons peu à peu à reconnaître sa voix d’une « douceur infinie », comme dit saint François de Sales, c’est-à-dire qui nous met dans la paix…

Après l’avoir entendue et écoutée, il nous restera bien sûr à y répondre !

Esprit-Saint, montre-moi aujourd’hui

comment je peux être plus attentif à ta Présence.

Apprends-moi le silence et l’attention intérieure pour entendre ta voix.

Apprends-moi à discerner ta voix parmi toutes les autres voix,

 tout le « bruit » intérieur de mes pensées et désirs parfois désordonnés.

Que je puisse enfin « me lever » et répondre à ton appel.

Esprit-Saint, nous te confions ceux qui ne croient pas en Dieu. Viens leur faire entendre ta voix. Que nous puissions nous aussi être « ta voix » par notre témoignage.

Nous te prions également pour ceux qui ont déjà entendu ta voix mais qui refusent de l’écouter et restent dans l’indifférence.

Jour 1 (vendredi 10 mai)

« Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Qédar, les pavillons de Salma.

Ne prenez pas garde à mon teint basané, c’est le soleil qui m’a brûlée.

Les fils de ma mère se sont emportés contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes. Ma vigne à moi, je ne l’avais pas gardée. » Ct 1, 5-6

« Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle, tes yeux sont des colombes »

Ct 1, 15

<< Et il (le Saint-Esprit) me provoquait à l’amour, et il disait : « O ma fille chérie ! ô ma fille et mon temple ô ma fille et ma joie ! Aime-moi ! car je t’aime, beaucoup plus que tu ne m’aimes !» (…)

Mais moi, pendant que je l’écoutais, considérant mes péchés et mes défauts, je me disais : Tu n’es pas digne de tous ces grands amours. Le doute me prit, et mon âme dit à Celui qui parlait : « Si tu étais le Saint-Esprit, tu ne me dirais pas ces choses inconvenantes ; car je suis fragile et capable d’orgueil. »

« Demande une grâce pour toi, pour tes compagnes, pour qui tu voudras, et prépare-toi à recevoir ; car je suis beaucoup plus prêt à donner que toi à recevoir. » Mon âme cria disant : « Je ne veux pas demander, parce que je ne suis pas digne. » Et tous mes péchés me revenaient à la mémoire(…) Il répondit : « Est-ce que je ne suis pas le maître? Je te donne la joie que je veux.(…)Je n’agis pas en vue de tes mérites, mais en vue de ma bonté. »

Sainte Angèle de Foligno, livre des visions et instructions, chapitre 20

<< Noire que j’étais, je suis néanmoins belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Cédar, comme les tentures de Salomon >> (Ct 1,5). (…)Ne vous étonnez pas, veut-elle dire, de ce que la Droiture m’a aimée, mais plutôt de ce que, alors que j’étais noire par suite de mon péché et apparentée aux ténèbres par mes œuvres, il m’a rendue belle par son amour, en échangeant sa beauté contre ma difformité : car, transférant en lui-même la souillure de mes péchés, il m’a communiqué sa propre pureté en me rendant participante de sa propre beauté, lui qui m’a d’abord rendue aimable, de hideuse que j’étais, et m’a ainsi aimée. (…)  Même si maintenant brille en moi la beauté qui a été formée en moi du fait que j’ai été aimée par la Droiture, je sais pourtant que je n’étais pas brillante d’abord, mais noire. »

Saint Grégoire de Nysse, 2ème homélie sur le Cantique des Cantiques

L’attitude de ce jour est de reconnaître notre péché mais aussi notre beauté ; d’accepter que l’Esprit-Saint s’intéresse vraiment à nous, désire encore bien plus que nous l’intimité, malgré tous nos péchés. Et qu’il veut restaurer la pleine beauté de notre âme…

Esprit-Saint, Esprit de Vérité,

montre-moi aujourd’hui les endroits de ma vie

où je « ne garde pas ma vigne »,

 montre-moi mes « noirceurs » …

 Fais-moi aussi découvrir à quel point mon âme

est belle à tes yeux et combien je suis aimé.

Façonne-moi un cœur véritablement humble.

Fais-moi percevoir le grand désir que tu as d’entrer en relation intime avec moi,

pour restaurer la pleine beauté de mon âme.

Esprit-Saint, viens visiter ceux qui ne reconnaissent pas leur péché, qui ne se rendent pas compte du mal commis. Viens éclairer leur conscience.

Viens aussi réconforter ceux qui désespèrent d’eux-mêmes et ne savent plus comment en sortir. Viens leur donner ta force et ta consolation, Esprit-Saint.

 Introduction à la Neuvaine

La Neuvaine de Pentecôte est une invitation à grandir en intimité avec l’Esprit-Saint.

Le livre biblique du Cantique des Cantiques nous permettra d’explorer quelques attitudes spirituelles que nous pouvons avoir envers l’Esprit-Saint pour être de plus en plus intime avec Lui.

Chaque jour de la Neuvaine, nous découvrirons un ou quelques versets du Cantique des Cantiques, correspondant à une attitude spirituelle.

Un petit texte d’un saint ou d’une sainte permettra d’illustrer ou d’approfondir la phrase du Cantique et l’attitude correspondante.

Avant de commencer la Neuvaine, voici déjà deux courts extraits, tirés du premier paragraphe du Cantique et qui illustrent les attitudes que nous pouvons avoir pour commencer la Neuvaine, pour que celle-ci porte le maximum de fruits.

« Qu’il me baise des baisers de sa bouche » Ct 1, 2

C’est la première phrase du Cantique ! Cette phrase inaugurale, très directe, nous montre l’attitude nécessaire pour commencer : désirer ce « baiser » de « la bouche » de l’Esprit-Saint, c’est désirer respirer et vivre par ce Souffle divin.

Le thème de cette Neuvaine étant la croissance de notre intimité avec l’Esprit-Saint, pour qu’elle porte tout son fruit, il faut qu’on le désire ! Que je désire de tout mon cœur entrer dans une plus grande amitié avec l’Esprit-saint, et même dans une intimité aussi forte que celle de la Bien-Aimée et du Bien-Aimé dans le Cantique des Cantiques !

« Entraîne-moi sur tes pas, courons ! » Ct 1, 4

Laissons sainte Thérèse de Lisieux nous commenter cette phrase :

« Jésus m’a donné un moyen simple d’accomplir ma mission. Il m’a fait comprendre cette parole des Cantiques : « ATTIREZ-MOI, NOUS COURRONS à l’odeur de vos parfums. » O Jésus, il n’est donc même pas nécessaire de dire : « En m’attirant, attirez les âmes que j’aime ! » Cette simple parole : « Attirez-moi » suffit. Seigneur, je le comprends, lorsqu’une âme s’est laissé captiver par l’odeur enivrante de vos parfums, elle ne saurait courir seule, toutes les âmes qu’elle aime sont entraînées à sa suite ; cela se fait sans contrainte, sans effort, c’est une conséquence naturelle de son attraction vers vous. De même qu’un torrent, se jetant avec impétuosité dans l’océan, entraîne après lui tout ce qu’il a rencontré sur son passage, de même, ô mon Jésus, l’âme qui se plonge dans l’océan sans rivages de votre amour, attire avec elle tous les trésors qu’elle possède… Seigneur, vous le savez, je n’ai point d’autres trésors que les âmes qu’il vous a plu d’unir à la mienne ; (…) Qu’est-ce donc de demander d’être Attiré, sinon de s’unir d’une manière intime à l’objet qui captive le cœur ? Si le feu et le fer avaient la raison et que ce dernier disait à l’autre : Attire-moi, ne prouverait-il pas qu’il désire s’identifier au feu de manière qu’il le pénètre et l’imbibe de sa brûlante substance et semble ne faire qu’un avec lui. Mère bien-aimée, voici ma prière, je demande à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement Lui, qu’Il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera mon cœur, plus je dirai : Attirez-moi, plus aussi les âmes qui s’approcheront de moi (pauvre petit débris de fer inutile, si je m’éloignais du brasier divin), plus ces âmes courront avec vitesse à l’odeur des parfums de leur Bien-Aimé, car une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive  » (Ms C, 34-36)

Une autre attitude à avoir en ce début de Neuvaine est donc de ne pas faire cette Neuvaine rien que pour soi mais en communion avec d’autres...en communion avec les autres Serviteurs de l’Amour, et en intercession pour toute l’Eglise et le monde entier.

Il y aura d’ailleurs chaque jour de la Neuvaine une proposition d’intention de prière mais qui n’est pas limitative…Laissons notre cœur s’ouvrir à l’infini vers tous nos frères et sœurs…