Neuvaine de Pentecôte 2025

Jour 6 (mercredi 4 juin)

« Rends-moi humble et confiant(e) »

Saint Philippe, en ce sixième jour,

apprends-nous le secret de ton humilité

et de ta confiance en Dieu…

Nous avons dépassé le milieu de la neuvaine…mais nous ne sommes pas encore au bout…

Peut-être que notre motivation fléchit un peu…

Aujourd’hui c’est un jour important, c’est un jour charnière…

Humilité et confiance…

Ces deux demandes que nous adressons aujourd’hui à l’Esprit-Saint récapitulent un peu tout ce que nous avons vécu depuis le début de la neuvaine et en même temps, nous préparent à la suite… C’est dans le but de quitter tout mal et vivre dans la sainteté et puis surtout que notre vie soit pleinement dans l’Amour, un acte d’amour au service de nos frères et sœurs, pour leur salut et pour la gloire de Dieu…

Alors disposons bien nos cœurs à recevoir la grâce d’aujourd’hui !

« Mes petits enfants, soyez humbles, soyez petits, surtout soyez humbles, soyez petits » répète Philippe avec insistance…

Pippo Buono, (le bon petit Philippe), le jeune garçon aimable et enjoué de Florence, le restera à l’âge adulte… Sans doute parce que c’est son tempérament…mais aussi parce qu’avec l’Esprit-Saint, il est devenu de plus en plus humble et confiant, de plus en plus enfant…

De nombreux témoins disent que le visage de Philippe, même très âgé, (il a vécu presque 80 ans, ce qui est très vieux pour l’époque), était comme celui d’un enfant !

L’humilité de Philippe fait vraiment penser à la simplicité d’un enfant qui joue…

Les facéties et pitreries de saint Philippe sont légendaires.

Et on l’appelle souvent, à juste titre, le saint de la joie...

Sans doute, au départ, cela vient à la fois de son caractère et de son origine florentine, où les facéties sont un art de vivre. On les publie même dans des livres, comme le livre de facéties de Piovano Arlotto, un prêtre florentin du siècle précédent, spécialiste des bouffonneries et facéties. Ce livre était l’un des préférés de Philippe…

A un deuxième niveau, de nombreuses anecdotes témoignent que c’était souvent par humilité, pour se « cacher », et détourner l’attention de sa sainteté, qu’il faisait ces choses loufoques. Quelques-unes concernent son apparence extérieure comme s’habiller à l’envers, s’accoutrer bizarrement avec d’énormes chaussures blanches, un gilet rouge par-dessus sa soutane, ou de se promener dans les rues avec un balai qu’il respire comme si c’était un bouquet de fleurs, se raser la barbe d’un seul côté du visage pour aller chez une dame de la haute société qui voulait le « montrer » à ses invités, sautiller comme un enfant dans une église… Mais il a fait pire, pour faire vraiment croire qu’il était simple d’esprit ou fou : alors que des nobles polonais viennent spécialement l’écouter en pensant être édifiés par ce saint homme, il leur fait lire son livre de facéties favori, les fameuses turlupinades de Piovano Arlotto. Quand il y a des prélats ou autres personnages importants à sa messe, il fait exprès des fautes de langage. Il a une fois exécuté une danse burlesque devant l’assemblée des cardinaux, ou tiré la barbe à un garde suisse... Les anecdotes sont nombreuses…

Il fait exprès d’attirer les rires et le mépris… C’est sa façon originale de rechercher l’humilité. Et il agira de la même façon pour ses disciples, à qui il imposera quantité de démarches loufoques, pour leur apprendre à ne pas craindre le regard des autres…

Philippe est un saint qui a donné un exemple tout à fait original de détachement du regard des autres et de l’humilité activement recherchée, en ne se prenant pas au sérieux…

Mais son humilité n’est pas seulement en lien avec le regard des autres. C’est surtout dans le rapport entre lui et Dieu que naît son humilité !

Bien sûr, il y a ce « trop grand amour », accueilli lors de sa Pentecôte personnelle, qui ne cesse de lui manifester la grandeur de Dieu et son impuissance à lui, son indignité, sa toute-petitesse, dans un phénomène qui le dépasse tellement. Mais ce n’est pas uniquement par ce phénomène extraordinaire, qu’il découvre qui il est et qui est Dieu…C’est aussi dans les patientes heures de prière, de fréquentation des sacrements, celui de l’eucharistie, dont nous avons parlé avant-hier mais aussi celui de la confession répétée inlassablement…

On peut aller encore plus loin dans l’interprétation de ses excentricités et de son humour débridé. Ce n’est pas seulement pour donner le change…  Son secret, c’est son esprit d’enfance. Il nous montre par sa vie joyeusement excentrique que toute la vie spirituelle est un exercice de dépendance confiante, pour devenir comme un enfant. Et qu’une grande tentation est de se prendre trop au sérieux…c’est-à-dire de s’attribuer à soi-même le don gratuit et toujours nouveau de Dieu, ce don que nous avons à recevoir instant après instant comme un nourrisson fait jaillir le lait au fur et à mesure…

« L’antidote du sérieux mortel où l’orgueil nous fige, c’est finalement la simplicité heureuse des enfants de Dieu » (Louis Bouyer)

Et nous ?

Aujourd’hui, en ce jour un peu charnière, nous pouvons faire comme une sorte de bilan de mi-parcours (un peu plus…) de la neuvaine et nous demander, au travers des thèmes déjà évoqués, comment nous pouvons progresser dans l’apprentissage d’être un enfant de Dieu humble et confiant …

Pour entrer dans l’humilité et la confiance, nous avons déjà évoqué plusieurs pistes au cours des jours précédents…

Le détachement de nos possessions, matérielles ou même des personnes et de nous-même.

L’offrande de tout soi-même, de son corps avec ses fragilités, de son psychisme avec ses blessures, ses défauts…

Il y a aussi la lumière de l’Esprit-Saint pour nous faire connaître Dieu et dans son regard, faire la vérité sur nous-même en profondeur. Également l’importance de ne pas se diriger selon notre volonté propre mais de se laisser conduire par l’Esprit-Saint, de suivre les commandements de l’Eglise, d’écouter les conseils d’un tiers (de confiance…). Les autres peuvent aussi nous aider à mieux nous connaître en vérité.

Il y a encore ce « trop d’Amour » de Dieu à accueillir pleinement, sans peur… S’exposer sans réserve à cet excès d’amour permet de nous « vider » de nous-même encore davantage…

Tout cela ne peut se vivre sans une fréquentation assidue et intime de Dieu dans la prière, (l’oraison et la prière continuelle), et dans les sacrements (eucharistie, confession) …

Nous pouvons relire ce que nous avons vécu ces 5 premiers jours et demander à l’Esprit-Saint de nous montrer quel est le chemin pour nous aujourd’hui pour devenir davantage un enfant de Dieu humble et confiant… à l’image de la Vierge Marie… Philippe aimait dire qu’il fallait « commencer et finir avec la Vierge Marie » et il aimait intercéder avec Marie « Ils manquent de vin, c’est-à-dire d’Esprit-Saint ». Demandons donc plus d’Esprit-Saint ! Par l’intercession de Philippe et de la Vierge Marie…

Esprit-Saint,

Que Ta Vérité me rende humble et petit

Que Ta Douceur me rende confiant comme un enfant

Montre-moi les petits pas que tu veux me donner de faire

pour devenir plus humble et plus confiant.

Esprit-Saint, nous te confions aujourd’hui tout particulièrement les enfants.

 Qu’ils soient respectés et qu’ils puissent grandir dans la confiance,

dans la joie, dans la pureté.

Nous te prions pour tous les enfants qui sont abîmés, blessés,

à qui on a fait perdre leur innocence.

Nous te prions de convertir le cœur de tous ceux qui blessent les enfants…

Citations :

Humilité

Soyons humbles et n’ayons de nous-mêmes que de bas sentiments. Répétons-nous : Obéissance ! humilité ! détachement ! M 31/5

Chacun doit se rendre promptement à l’opinion d’autrui, raisonner dans le sens des autres et contre lui-même et prendre tout en bonne part.M 11/2

Un des meilleurs moyens pour acquérir l’humilité est la sincère et fréquente confession M 15/4

Quand une personne qui a mené longtemps une vie spirituelle tombe dans une faute grave, il n’y a pas de meilleur moyen pour la relever que de l’exhorter à manifester sa faute à quelque ami pieux lié avec elle par une intimité particulière. Dieu récompensera son humilité en la ramenant à son premier état. M 17/6

Ne prononcez jamais une seule parole à votre louange, si vraie qu’elle puisse être, même en plaisantant. M4/6

 Quand nous faisons une bonne action et que l’honneur en revient à d’autres qu’à nous, réjouissons-nous et reconnaissons que c’est Dieu qui le permet. Pourquoi serions-nous chagrins ? Si les autres diminuent notre gloire devant les hommes, nous la recouvrerons devant Dieu avec plus d’éclat. M5/7

 Prions Dieu, lorsqu’il nous accorde une grâce ou une vertu, de la maintenir cachée même à nos yeux, afin que nous puissions conserver notre humilité et ne pas trouver dans cette faveur céleste une occasion d’orgueil. M 6/7

 Pour éviter tout danger de vaine gloire, faisons souvent nos pratiques de piété dans notre chambre et en secret ; ne cherchons jamais des douceurs et des consolations sensibles en public. M8/7

 Voulons-nous vraiment nous guérir de l’orgueil ? réprimons la promptitude de notre esprit et contrarions notre volonté. M9/7

 Lorsque vous êtes repris pour quelque manquement, n’en soyez pas aigris ni attristés ; souvent notre aigreur est un péché plus grave que la faute pour laquelle nous avons été repris. M 10/7

 Nous méritons qu’on se moque de nous si, arrivés à peine à la dévotion la plus élémentaire, nous croyons avoir une très haute piété. M11/7

Dieu a toujours cherché dans le cœur des homme l’esprit d’humilité et la petitesse.

Il n’y a rien de plus désagréable à Dieu qu’une âme enflée de sa propre estime. M 22/10

Dieu fait particulièrement ses délices de l’humilité d’une âme qui croit qu’elle n’a pas encore commencé à faire le bien. M 12/9

Confiance en Dieu :

Jetons-nous entre les bras de Dieu et soyons sûrs que, s’il veut quelque chose de nous, il nous donnera la force de faire tout ce qu’il désirera que nous fassions pour lui. M28/10

Nous devons avoir confiance en Dieu, qui est aujourd’hui ce qu’il a toujours été, et ne pas perdre courage parce que les événements s’accomplissent d’une manière opposée à nos désirs. M 7/8

Nous devons toujours nous rappeler que Dieu fait tout bien, quoique nous ne puissions pas voir la raison de ce qu’il fait. M 10/2

Lorsqu’une personne de piété ressent un grand calme d’esprit en demandant quelque chose à Dieu, c’est un bon signe qui indique ou que Dieu l’a déjà exaucée ou qu’il l’exaucera bientôt. M 2/3

Jour 5 (mardi 3 juin)

« Eclaire mon intelligence et conduis ma volonté. »

Saint Philippe, en ce cinquième jour de la neuvaine,

apprends-moi à me laisser conduire et éclairer par l’Esprit-Saint,

comme tu l’as fait.

Saint Philippe, qui a tellement laissé l’Esprit-Saint l’éclairer et le conduire, n’ a pas jugé inutile de se former continuellement… Sa formation intellectuelle et spirituelle s’est poursuivie pendant toute sa vie … de façon assez hétéroclite.

A Florence, dans la jeunesse, il a beaucoup fréquenté les Dominicains du couvent San Marco. Quand il sera vieux, il dira à un dominicain qu’il a « tout appris » au couvent San Marco… Il a été notamment marqué par l’héritage spirituel du très controversé Savonarole. (plus de détails dans la biographie) Ensuite, il y a eu son passage par les bénédictins, quand il était apprenti commerçant chez son oncle et qu’il fréquentait, dès qu’il le pouvait, l’abbaye bénédictine du Mont Cassin. Il y découvre notamment les Pères de l’Eglise et les Pères du désert, qui resteront parmi ses lectures favorites.

Un fois arrivé à Rome, il suit quelques temps des cours de philosophie et de théologie. Mais il arrête assez vite ses études car les cours l’ennuient. En effet, il apprend très vite et finalement il passe plus de temps en contemplation du crucifix de la salle de classe qu’à écouter le cours. Pourtant, il continue sans cesse à se former par la lecture. Pendant sa vie errante à Rome, il se balade toujours avec un morceau de pain et un livre dans son capuchon. La journée il rencontre les gens mais le soir, il s’arrête sur le proche des églises et là il lit à la lueur de la lune…  et sa nuit se poursuit ensuite en oraison, souvent dans les catacombes…

Lorsqu’il commence à réunir quelques-uns de ses jeunes pénitents oisifs pour les occuper intelligemment l’après-midi, la formation prend assez vite une part importante de la réunion. Au début, ce sont plutôt des partages d’évangile informels. Mais avec l’augmentation du nombre de participants, il faut un peu structurer. Finalement, il y aura à chaque fois, un temps de lecture de la Bible, commentée à tour de rôle par un jeune qui prépare un petit exposé, sous la supervision de Philippe. Ensuite une lecture de vie des saints, et un troisième temps dédié à l’histoire de l’Eglise, qu’il confiera à son proche disciple Baronius.

La formation un peu hétéroclite de Philippe lui permettra quand même de pouvoir discuter brillamment de théologie et de philosophie avec des érudits en la matière.

Il écoutera aussi avec profit les enseignements de saint Ignace de Loyola, qu’il a bien connu pendant la période où celui-ci était à Rome. Il lit également les lettres de Saint François-Xavier et d’autres missionnaires jésuites en Inde…lettres qu’il partage aux réunions de l’Oratoire, pour enflammer les cœurs d’un zèle missionnaire.

A la fin de sa vie, quand il ne pouvait plus lire, il demandait encore qu’on lui fasse la lecture…

Il a plusieurs fois vendu ses livres au profit des pauvres, mais à la fin de sa longue vie, on retrouve quand même chez lui une bibliothèque de livres bien usés par la lecture : Pères du désert, surtout, comme saint Jean Cassien, saint Macaire, saint Isaac le Syrien..Des écrits des mystiques du Nord aussi, comme Jan Ruysbroeck...

Toute cette formation humaine de son intelligence par l’étude théologique, la lecture, l’écoute d’enseignements, est un terreau propice pour que l’Esprit-Saint puisse aussi l’éclairer, l’illuminer directement, dans la contemplation…

S’il peut y passer de longues heures, chez Philippe, la contemplation n’a jamais été séparée de l’action…

Et l’illumination de son intelligence, si elle lui enseigne les mystères de Dieu, lui apprend aussi à discerner ce que l’Esprit-Saint attend de lui. C’est ainsi que sa volonté sera toujours conduite par l’Esprit-Saint, dans une grande obéissance aux inspirations qu’il reçoit.

Il a mené pendant des années une vie un peu errante, sans trop savoir ce que serait sa vocation. Pourtant, il a été proche des Dominicains, des Bénédictins, des Jésuites…Mais aucune de ces congrégations n’était faite pour lui…  

Une fois prêtre, alors qu’il réunit déjà pas mal de monde autour de lui, et que, petit à petit, certains de ses disciples veulent être prêtre selon sa spiritualité, il n’a pourtant pas de projet, de « plan » de fondation. La congrégation de l’Oratoire s’est fondée presque malgré lui… Tout s’est toujours fait dans l’abandon à la conduite de l’Esprit-Saint.

Et une fois l’Oratoire reconnu canoniquement comme une congrégation de prêtres, ses proches disciples comme Tarugi par exemple, voudront l’étendre à d’autres villes et faire des fondations ailleurs… Philippe freinera toujours tant qu’il n’était pas sûr que cela vienne de l’Esprit-Saint. Ses proches s’irritaient parfois de son indécision, son manque d’une parole claire pour aller de l’avant. Il semblait tergiverser. Mais ce n’était pas de l’indécision. C’est parce qu’il voulait tellement être conduit par l’Esprit-Saint qu’il ne bougeait pas d’un pouce par lui-même avant d’être sûr que cela vienne bien de l’Esprit-Saint…

A vrai dire, c’est même le contraire. Il n’est pas du tout indécis, quand il s’agit de se décider à faire le bien, à choisir Dieu. Il disait partout, dans sa période errante, quand il allait visiter les marchands, les banquiers… « quand nous déciderons-nous à faire le bien ?»

Et même à la fin de sa vie, alors qu’il est déjà fort malade, il dit que s’il guérit, il se décidera enfin à faire le bien ! La décision de la volonté, le choix du bien est donc quelque chose d’important pour Philippe ! Et la persévérance aussi. Il avertit qu’il faut fournir des efforts, se fatiguer pour avancer dans la vie spirituelle… En deux mots, être courageux…

Philippe, on l’a vu, a un caractère très indépendant et on pourrait donc croire qu’il n’en fait qu’à sa tête… Mais non, il met toute sa volonté à la disposition de l’Esprit-Saint, dans grande docilité. Mais il sait aussi que l’Esprit-Saint ne parle pas toujours « en direct » et qu’un bon moyen de se laisser conduire par l’Esprit-Saint est aussi de se laisser conduire par d’autres.

Philippe a en plus haute estime la « mortification du rationnel », comme il dit, plutôt que les mortifications corporelles… Il veut dire par là, non pas qu’il ne faille pas réfléchir, utiliser ses capacités intellectuelles, mais qu’il faut apprendre à renoncer à sa volonté propre, à ses idées personnelles. Il insiste beaucoup sur l’obéissance. C’est capital pour lui ! Mais il précise bien que c’est obéir « en faisant le bien » (voir citations…)…ce n’est pas obéir à n’importe quoi, n’importe qui… Sa grande expérience de l’accompagnement spirituel (reçu et donné) lui apprend l’importance de suivre les conseils d’un autre et ne pas se diriger seul dans la vie spirituelle. (voir citation)

Dans le choix de son successeur, la capacité d’obéissance sera pour Philippe un critère… Il ne veut pas quelqu’un qui sache commander mais obéir… C’est Cesare Baronius qui succédera à Philippe à la tête de la congrégation de l’Oratoire, après sa mort. Et c’est ce même Baronius qui a fait les frais du plus grand nombre de « plaisanteries » de Philippe.  Philippe l’oblige à faire des choses ridicules ou loufoques, humiliantes en fin de compte. (exemples dans la biographie) Mais il le fait avec un grand amour, le but est d’apprendre à ce disciple bien-aimé l’humilité et l’obéissance.

Parfois ce qu’il demande n’est pas une plaisanterie. Ce sont alors simplement l’obéissance et la confiance qui sont en jeu. Comme la fois où Baronius venait de revenir de l’hôpital où il avait toute la journée réconforté les malades et donné les derniers sacrements aux mourants. Philippe l’y renvoie aussitôt ! Baronius rétorque qu’on n’a plus besoin de lui, que tout est calme à présent. Mais Philippe insiste et lui dit « Obéis et retournes-y » Finalement, Baronius obéit, y retourne et il tombe sur un malade dont l’état s’est subitement dégradé et qui a pu, du coup, recevoir de justesse l’extrême-onction avant de mourir !

Saint Philippe a lui-même donné l’exemple de l’obéissance quand il a été inquiété par l’Inquisition, à plusieurs reprises, au gré des sensibilités des différents papes (voir biographie)

 A un moment, on lui interdit tout ministère. Ce qui est un grand déchirement pour lui, évidemment, mais il répond humblement et calmement au Cardinal Rosario « pour moi les ordres de mes supérieurs ont toujours passé avant tout le reste et il m’est doux d’être obéissant » Il prie sans relâche et pleure de compassion pour ceux qui le persécutent. Il dit alors à ses disciples « cette persécution n’est pas dirigée contre vous, mais contre moi. Dieu veut m’apprendre l’humilité et la patience. Sachez que la persécution s’arrêtera lorsqu’elle aura porté les fruits que Dieu en attend. » Ce qui est arrivé peu de temps après…

Philippe est en toute circonstance dans la main de Dieu, conduit par l’Esprit-Saint…

Et nous ?

L’Esprit-Saint a peut-être besoin qu’on l’aide un peu pour éclairer notre intelligence…

Nous pouvons nous poser la question de la place de la formation dans notre vie spirituelle, pour apprendre à mieux connaître Dieu, afin de pouvoir mieux l’aimer, et mieux répondre à son appel.

Consacrons-nous du temps à lire, comme saint Philippe, la Bible, des vies de saints, des livres de spiritualité ?  A moins que nous ne préférions d’autres moyens actuels de nous laisser enseigner : podcasts, vidéos…

Mais l’intelligence de l’Esprit-Saint c’est encore autre chose…

Il nous apprend à connaître Dieu, nous fait contempler par la foi ce qui est invisible, imperceptible … Il nous conduit vers la Vérité

Il nous éclaire aussi sur la conduite de notre vie, nous aide à discerner le bien. Il vient nous éclairer dans nos choix, petits ou grands. Pour cela, il faut bien sûr l’écouter, se rendre docile à ses inspirations. Comment posons-nous nos choix, grands ou petits ? Comment puis-je mettre davantage l’Esprit-Saint au coeur de mes choix ?

Et au niveau de notre volonté ? Avons-nous la volonté de nous décider pour le bien et d’y persévérer avec courage ? Demandons la force à l’Esprit-Saint !

Est-ce que nous sommes capables aussi de renoncer à notre volonté propre, à nos idées, pour nous laisser guider, conseiller par quelqu’un de confiance, dans la pratique du bien ?

Sommes-nous obéissants aux commandements de Dieu et de l’Eglise ? Ou est-ce nous n’en faisons qu’à notre tête, comme ça nous arrange ? …

Prions l’Esprit-Saint pour qu’Il nous éclaire et nous conduise de plus en plus…

Esprit-Saint, viens éclairer mon intelligence ;

donne-moi le désir de la Vérité,

et le désir de toujours mieux connaître Dieu.

Donne-moi ta force pour orienter ma volonté vers le Bien

et le courage d’y persévérer.

Rends-moi docile et obéissant à tes inspirations,

pour que je me laisse vraiment conduire par Toi,

Esprit-Saint.

Viens Esprit-Saint éclairer et conduire ceux qui ont une responsabilité pour diriger d’autres personnes : les responsables politiques, les dirigeants d’entreprises …ou au niveau religieux les évêques, les supérieurs de communautés, les pasteurs, les accompagnateurs…

Viens guider également les parents, les enseignants, les éducateurs… Pour qu’ils dirigent, guident, éduquent toujours selon l’Amour et en recherchant le bien de l’autre ou le bien commun et non leur propre intérêt.

Citations

Formation :

Il n’y a rien de plus capable d’exciter en nous l’esprit de prière que la lecture des livres de piété. M 12/2

 Fréquentez les sacrements, assistez souvent aux sermons et lisez souvent les vies des saints M13/2

Le serviteur de Dieu peut acquérir la science, mais il ne doit jamais la montrer et en faire parade. M13/6

Pour retirer quelque profit de la lecture des vies des saints et autres livres de piété, il ne faut pas les lire par curiosité et se contenter de les effleurer ; il faut les lire avec attention et lentement. Lorsque nous nous sentons échauffés, ne passons pas outre, mais arrêtons-nous pour laisser agir l’esprit qui nous émeut. Quand nous ne sentirons plus rien, nous poursuivrons notre lecture.M 4/8

Il est très utile à ceux qui ont à distribuer au peuple la parole de Dieu, et à ceux qui se sont consacrés à la prière, de lire les livres écrits par les auteurs dont le nom est précédé d’un S, tels que saint Augustin, saint Bernard, etc. M28/8

Volonté / courage :

Ce premier pas que nous devons faire depuis longtemps dans le chemin de la perfection, nous y pensons toujours, nous ne le réalisons jamais.M 25/8

Pour atteindre la perfection, il faut de longs efforts et de grandes fatigues M 20/9

Volonté propre :

La sainteté d’un homme tient toute dans la largeur de son front ; elle tient toute dans la mortification de l’esprit, toujours disposé à raisonner M 5/11

Rien ne donne à nos actions une plus grande sécurité, rien ne brise plus efficacement les pièges tendus autour de nous par le démon que l’habitude de suivre la volonté d’autrui plutôt que la nôtre en faisant le bien. M17/1

Ceux qui n’accordent qu’une attention modérée à la mortification de leur corps et s’appliquent par-dessus tout à mortifier leur esprit et leur volonté, même dans les petites choses, sont plus recommandables que ceux qui s’adonnent exclusivement aux pénitences corporelles. M28/6

Faisons peu de cas de nos abstinences et de nos jeûnes, lorsque c’est notre volonté propre qui nous a décidés à cette pénitence. M 1/7

Obéissance :

L’obéissance est le plus court chemin pour arriver à la perfection. M 15/1

On doit s’appliquer à obéir même dans les petites choses qui semblent sans importance ; c’est le moyen de se rendre facile la pratique de l’obéissance en matière grave. M 3/2

Conseils :

Il n’y a rien de plus dangereux dans la vie spirituelle que de vouloir se diriger d’après son propre jugement. M 22/11

Pour passer d’un état mauvais à un état bon, il n’est pas besoin de conseils, mais pour passer d’un état bon à un état meilleur, il faut du temps, des conseils et des prières avant de prendre une décision. M 1/10

Jour 4 (lundi 2 juin)

 « Remplis mon cœur… »

Saint Philippe, apprends-nous aujourd’hui, quatrième jour,

à nous vider encore davantage de nous-même

pour nous laisser remplir par l’Esprit-Saint

Le cœur de Philippe était rempli de l’Esprit-Saint à tous les niveaux…Nous avons vu que chez lui, même son cœur -organe physique- était brûlé par l’Esprit-Saint ! Son cœur « affectif » était rempli aussi de sentiments d’amour. Il était plein de tendresse affective pour ses disciples et compagnons.   Mais c’est bien sûr aussi plus profondément, que le cœur de saint Philippe était « rempli » d’Esprit-Saint.

Notre cœur profond, c’est le « lieu » où habite l’Esprit-Saint en nous, où habite Dieu, ce qui fait de nous des êtres spirituels et nous rend capables d’aimer avec l’amour-même de Dieu.

C’est ce cœur-là que nous demandons à l’Esprit-Saint de remplir complètement !

Saint Paul, dans la lettre aux Philippiens, nous dit que Jésus s’est « vidé » de lui-même ( Ph 2, 7)… On appelle ça la « kénose », à partir du mot en grec.

Hier nous avons vu le détachement des possessions et la remise de tout notre être à l‘Esprit-Saint. Et nous avions surtout évoqué l’aspect psychologique, la mise à disposition de toute notre personnalité, avec ses atouts et ses faiblesses.

Mais le « vide de soi-même » la « kénose » doit aller encore plus profond pour pouvoir être vraiment « rempli » d’Esprit-Saint…

On ne peut donc pas demander à l’Esprit-Saint d’être « rempli » si on ne demande pas en même temps d’être « vidé » de soi-même !

Les diverses épreuves de la vie se chargent en partie de la kénose… pas besoin de les demander, elles arrivent bien toutes seules…

Saint Philippe a aussi connu des épreuves dans sa vie…

Bien sûr, comme tout le monde, des maladies et problèmes physiques.

Il a également subi des persécutions, au point qu’on lui a interdit pendant un temps tout ministère : il ne pouvait plus confesser, ni célébrer l’eucharistie ni tenir ses réunions de prière… Une grande épreuve pour lui mais qu’il a vécue dans l’abandon et l’obéissance…

Son œuvre de l’Oratoire a même failli être dissoute tout à fait… (voir la biographie pour plus de détails)

Dans la vie de nombreux saints et de personnes qui ont choisi de suivre le Christ sérieusement, il arrive aussi des épreuves au niveau de la foi. Une expérience de l’absence apparente de Dieu… qui peut être extrêmement pénible mais nécessaire à leur pleine kénose.

En ce qui concerne Philippe, plusieurs spécialistes pensent qu’il en a été autrement. Qu’il n’a pas vraiment vécu cette « nuit de la foi » mais au contraire un « excès » de Présence de Dieu ! Cette Présence le brûlant sans cesse était pour lui parfois tout aussi pénible à supporter ! Et le « trop » a fait le même effet que l’absence : le vider de lui-même totalement.

C’est un exemple extrême chez saint Philippe mais il illustre bien le fait que le « remplissage » par l’Esprit-Saint peut en lui-même aussi « vider »…

Saint Philippe se laissait aussi remplir de Dieu par des moyens concrets, à la portée de tout le monde …

Nous avons déjà évoqué l’oraison et la prière au jour 2…

Il y a aussi la Parole de Dieu, surtout l’Evangile.

Se nourrir de la Parole est l’un des piliers des réunions de l’Oratoire. Philippe veut vraiment rendre la Parole de Dieu « quotidienne et familière » pour tous, selon ses mots… Il accorde une grande place à ce qu’on appellerait aujourd’hui des « partages d’évangile » , où chacun peut s’approprier et commenter le texte de l’évangile. Ce qui était assez novateur à l’époque dans l’Eglise catholique. C’est une des raisons des persécutions qu’il a subies, cela faisait un peu trop protestant…

L’eucharistie a joué un rôle considérable dans la vie de saint Philippe et on peut certainement dire que c’est lors de la célébration de la messe qu’il avait le cœur le plus rempli d’Esprit-Saint !

Au départ, il ne pense même pas à être prêtre. C’est son confesseur Persiano Rosa qui le lui suggère, à plusieurs reprises, avant qu’il n’accepte enfin, alors qu’il a déjà 35 ans. Mais il a déjà depuis longtemps l’amour de l’eucharistie !

Encore laïc, il a relancé la dévotion des Quarante Heures d’Adoration eucharistique, pratique venue de Milan, et fraîchement importée à Rome mais qui n’avait pas bien « pris », avant que Philippe ne la fasse revivre, avec toute son exceptionnelle ferveur !

Mais il se trouve trop indigne de célébrer l’eucharistie…tellement ce mystère l’impressionne. Et quand il est ordonné, en 1551, il n’ose même pas tout de suite célébrer l’eucharistie et reportera pendant un certain temps la célébration de sa première messe. Il est à ce moment-là prêtre membre de la confrérie de la Charité à San Girolamo. Chaque prêtre résidant à San Girolamo est indépendant et les différents prêtres se répartissent les horaires de célébration eucharistique et de confession. Philippe choisit de célébrer la dernière messe du jour, à midi, espérant qu’il y aura moins de monde. En effet, il n’aime pas trop célébrer en public car il est souvent pris d’extase lors de la célébration de l’eucharistie tellement il vit fort ce mystère. Il devra user de toutes sortes de stratagèmes pour se « distraire » : jouer avec ses clés, son chien, mettre son chat sur l’autel…

Chose étonnante pour l’époque, il prône la communion quotidienne, assortie bien sûr du coup de la confession quotidienne… Car à l’époque, normalement, on ne communie pas sans s’être confessé au préalable…

C’est dire l’importance qu’il accorde à la communion eucharistique, lieu par excellence de la rencontre intime avec le Christ et qui continue à le « remplir d’Esprit-Saint » jour après jour…

Les dernières années de sa vie, à la Chiesa Nuova, il ne célébrera plus du tout en public mais seul dans une petite chapelle privée attenant à sa chambre, et il mettra plus de deux heures à communier au Sang du Christ, petite gorgée par petite gorgée, dans un cœur à Cœur très intense…

Deux semaines avant sa mort, alors qu’on le croit vraiment à l’agonie et qu’on se demande s’il pourra encore recevoir la communion en viatique car il semble inconscient, tout à coup, quand le prêtre entre dans sa chambre avec le Saint Sacrement, il se redresse d’un bond et s’écrie « donnez-le-moi, donnez-le-moi vite ! Mon Amour ! mon Amour ! donnez-le-moi ! » et il se trouve à nouveau beaucoup mieux pendant quelques jours…

La communion pour lui n’est pas laissée sans effet. Et il en attend de même pour ses pénitents et disciples : il leur conseille de faire « quelque chose de plus » après une communion. La communion doit susciter un surcroît de charité, elle ne doit pas seulement « remplir » mais aussi  « déborder » en amour vers l’extérieur…

On peut encore trouver autre chose qui à la fois lui remplit le cœur et le fait déborder en action de grâce, c’est la louange et en particulier la louange chantée.

A Florence, dans sa jeunesse, on chantait des « laudi », en particulier ceux de Jacopone da Todi. Ce sont des poèmes populaires chanté dans les processions, en langage profane au vocabulaire simple et imagé mais avec des allégories mystiques. L’origine en remonterait à saint François d’Assise…

Il importera à Rome ces chants non liturgiques, qui seront peu à peu transformés au cours de réunions de l’Oratoire.

Sa sensibilité musicale va attirer aux réunions de l’Oratoire de nombreux musiciens, compositeurs, et chanteurs de la Chapelle pontificale. Certains vont mettre en musique des prières en style « laudi », et des récitatifs… Raconter en chantant … c’est le début du style musical de l’oratorio…

Mais en ce qui concerne Philippe personnellement, Consolini, l’un de ses intimes, témoignera qu’il chantait constamment à mi-voix des chants à l’Esprit-Saint, qui lui venait spontanément du cœur… Dans sa jeunesse, les chants des « laudi » lui touchaient le cœur, le remplissaient d’allégresse… A présent, c’est aussi par le chant qu’il peut laisser déborder son cœur dans la louange et l’action de grâce. Et la louange, par le décentrement qu’elle provoque, permet aussi de se laisser remplir…

Et nous ?

Pour avoir le cœur, notre cœur profond, rempli de l’Esprit-Saint, il faut être « vide » de soi-même. Vivre la kénose comme Jésus…

 On peut se « vider » par ce qu’on a vu auparavant : se détacher de nos possessions, donner toute notre personnalité…

Mais se vider peut aussi se faire en accueillant Dieu ! Donner tout notre être, mettre à disposition de l’Esprit-Saint « tout ce que nous sommes », c’est fondamentalement s’ouvrir à l’Amour de Dieu pour lui permettre de se donner, pour lui permettre de nous transformer !

Saint Philippe est un exemple extrême avec ce « trop d’amour » qui lui a brûlé le cœur, physiquement et spirituellement tout au long de sa vie… Mais nous pouvons quand même nous inspirer de lui car il a ouvert son cœur pour se laisser remplir de Dieu par l’oraison, par la fréquentation assidue de la Parole de Dieu, par l’eucharistie et la communion quotidiennes, par la louange… toutes choses que nous pouvons faire nous aussi !

Aujourd’hui, nous pouvons spécialement ouvrir notre cœur profond pour laisser l’Esprit-Saint le remplir.

Nous pouvons aussi nous poser quelques questions :

Quel petit pas l’Esprit-Saint m’inspire-t-il aujourd’hui pour me laisser davantage « remplir de Lui » ?  

Quel est mon rapport avec la Parole de Dieu ? avec les sacrements ? et l’eucharistie en particulier ?

Quelle est la place de la louange dans ma vie ?  On a parlé du chant chez Philippe mais ce n’est pas tant le chant dans son aspect musical qui est important.  C’est le « principe » du chant de louange qui   importe : se décentrer de soi-même pour laisser déborder de notre cœur une louange vers Dieu, même sans musique, si nous ne sommes pas musiciens… Le décentrement par la louange est aussi une façon de se « vider » de soi-même …

Comment mon cœur rempli par l’Esprit-Saint va-t-il pouvoir « déborder » en charité concrète ?

Esprit-Saint, je veux me donner à toi entièrement.

  Viens remplir mon cœur.

Montre-moi comment me « vider » davantage de moi-même.

Fais déborder mon cœur rempli de ton Amour

 en amour donné.

Viens Esprit-Saint, visiter le cœur de tous ceux qui ne voient plus de sens à leur vie, qui trouvent que leur vie ne vaut plus la peine d’être vécue.

Viens les remplir de Ton Amour, viens susciter des gestes de tendresse et de compassion dans le cœur de ceux qui les entourent.

Citations pour approfondir

Eucharistie :

La prière et la communion ne doivent pas être faites ou désirées à cause de la douceur de dévotion qu’elles nous font éprouver, car ce serait alors se chercher soi-même au lieu de chercher Dieu ; mais nous devons prier souvent et communier souvent, afin de devenir humbles, obéissants, doux et patients. M4/6

Quand nous apercevons dans une âme l’humilité, la douceur et la patience, nous pouvons reconnaître qu’elle jouit des fruits qu’on doit retirer de la prière et de la communion. M5/6

Notre doux Sauveur Jésus, à cause de l’excès de son amour et de sa libéralité, s’est laissé lui-même à nous dans le très Saint Sacrement. M6/6

 Allons tous à la table eucharistique avec un désir véhément de nous nourrir de cet aliment sacré. Ayons soif ! ayons soif ! M7/6

Louange :

Apprenons ici-bas à rendre à Dieu la louange que nous espérons lui rendre un jour dans le ciel. M 6/10

Jour 3 (dimanche 1er juin)

« Je mets à ta disposition (…) tout ce que je possède

et tout ce que je suis »

Saint Philippe, en ce troisième jour de la neuvaine, apprends-nous le détachement de toutes nos possessions, matérielles ou non.

Apprends-nous à nous laisser aimer, nous laisser regarder

 pour découvrir qui nous sommes, en vérité,

et pouvoir l’offrir à l’Esprit-Saint.

Le jeune Philippe, arrivé à Rome après avoir quitté définitivement sa famille à Florence et avoir renoncé à la situation de riche commerçant que lui proposait son oncle, vit très pauvrement. Il loge dans une chambrette à peine meublée, qui lui est louée en échange du service d’être le précepteur des deux fils du douanier florentin chez qui il loge. Il reçoit du douanier aussi tout juste de quoi se nourrir : un petit pain et quelques olives chaque jour. La journée, il vagabonde dans la ville avec dans sa capuche le petit pain et un livre… Ses seules possessions sont quelques livres, des Pères du Désert surtout. Il va d’ailleurs un jour vendre ses livres au profit des pauvres.

Plus tard, quand il sera connu de nombreuses personnes influentes, nobles ou prélats, il n’aura pas de souci financier, il recevra de nombreux dons. Mais il distribue tout aussitôt…

Quand il faudra construire pour sa jeune congrégation de l’Oratoire une nouvelle église, la Chiesa Nuova, il verra grand ! L’église qu’on leur a donnée est en ruine, il faut reconstruire. Par trois fois, il demande à l’architecte d’agrandir le plan… finalement, au troisième élargissement, on tombe sur un mur porteur enfoui qui sera d’une grande utilité pour soutenir l’édifice ! Il ne se soucie aucunement du budget de cette colossale entreprise. Rien n’est trop beau pour la Chiesa… La construction prendra bien des années mais elle sera menée à bien, dans la confiance en la Providence…

Pourtant, Philippe n’impose pas son mode de vie pauvre à tout le monde. L’apostolat de Philippe ne s’est jamais fait par des règles générales mais en individuel, en accompagnant des personnes en particulier. A certains, il conseillera le détachement matériel et leur donnera les pénitences appropriées… Comme ce jeune vaniteux fier de ses beaux vêtements à la mode qu’il envoie se mettre au milieu d’un groupe de mendiants, revêtu de ses beaux habits ! L’envie de se pavaner lui passe alors bien vite ! … A d’autres, il conseillera l’inverse, comme à cet autre jeune noble qui avait des responsabilités à la cour et qui voulait s’habiller comme un moine, Philippe dira au contraire de garder ses beaux vêtements, nécessaires à sa fonction… Mais pour tous, Philippe insiste sur le détachement et a horreur de l’avarice ! Il ne mâche pas ses mots concernant l’avarice… (voir citations)

Mais les possessions matérielles ne sont pas les seuls possibles. On peut être attaché à bien d’autres choses… Philippe nous donne l’exemple de quelqu’un de très libre vis-à-vis des personnes, du regard des autres, de sa réputation. Il fait même tout pour être mal considéré quand on le prend trop pour un saint…mais on en reparlera au sujet de l’humilité…

Il est libre vis-à-vis de ses proches, il a noué de nombreuses amitiés, eu de nombreux disciples parfois très proches et chers à son cœur mais sans jamais avoir eu d’esprit de possession, d’emprise sur les personnes qu’il accompagnait...

Mais en fin de compte, ce que l’on possède de plus intime, c’est nous-même !

Tout ce qui fait notre personne… « Je t’offre mon corps, mon âme et mon esprit »…

Mettre à disposition de l’Esprit-Saint non seulement nos possessions mais tout ce que nous sommes ! Cela va encore bien plus loin !

Saint Philippe est encore pour nous un magnifique exemple de quelqu’un qui a pu mettre à disposition de l’Esprit-Saint « tout ce qu’il est ».

L’Esprit-Saint a vraiment pu avec Philippe magnifier ses qualités naturelles. Quant à ses défauts, ses faiblesses, l’Esprit-saint ne les a pas enlevés mais les a « utilisés à son profit » A tel point qu’à la fin, on ne sait plus très bien ce qui lui est naturel ou non…

Très solitaire, défendant farouchement le « jardin secret » de sa vie intérieure, ermite dans l’âme…  Et en même temps, le contact facile, il se lie d’amitié avec toutes sortes de gens…

Son caractère très indépendant, ne rentrant dans aucun « système » ne l’empêche pas d’être tout à fait obéissant à l’autorité de l’Eglise.  

La jovialité de son caractère florentin sera le terreau à partir duquel l’Esprit-Saint pourra déployer de façon surabondante le fruit de la joie, caractéristique la plus connue de Saint Philippe Neri… (nous y reviendrons ….)

Philippe est naturellement doué d’une très grande sensibilité, notamment artistique mais aussi émotionnelle. Sa trop grande sensibilité finira par le réduire quasiment au silence car à la fin de sa vie, il ne peut plus parler de Dieu tellement cela l’émeut, il fond en larmes avant d’avoir pu prononcer un seul mot. Cette sensibilité, psychologique au départ, a pu être, elle aussi, visitée et « utilisée » par l’Esprit-Saint, car les gens étaient émus eux-mêmes par son émotion et cela en a « retourné » plus d’un…

Et nous ?

  • Nous pouvons nous interroger aujourd’hui sur nos attachements. Par rapport aux biens matériels ? Par rapport aux personnes ? Ou à notre réputation ? …

Avons-nous peur de manquer ? De quoi ?

Quels sont les possessions, au sens large, que nous ne mettons pas encore pleinement à la disposition de l’Esprit-Saint ?

  • Et concernant nous-même ?

Aujourd’hui, nous penserons surtout à l’aspect « psychologique » : quelles sont nos forces, nos qualités, nos dons naturels ? Nos faiblesses, nos blessures psychologiques, nos failles ? Toute notre personnalité avec ses contrastes, ses contradictions parfois…

Laissons-nous regarder en vérité par l’Esprit-Saint, pour qu’Il nous montre ce qui n’est pas encore à sa disposition… peut-être y a-t-il quelque chose que nous ne voulons pas voir…

Remettons tout notre psychisme à l’Esprit-Saint, pour qu’Il puisse magnifier en nous les dons, panser les blessures, utiliser les faiblesses pour se révéler … 

Esprit-Saint, viens me montrer à quoi je suis attaché(e)

Viens me donner la force de vouloir être libéré de ces attachements.

Rends mon cœur libre pour ton action.

Apprends-moi davantage qui je suis.

Montre-moi quelque chose que je ne voulais pas voir sur moi…

Pour que je puisse, en l’acceptant, te l’offrir,

et aller plus loin dans la mise à disposition de tout ce que je suis ;

pour me laisser transformer par l’Amour.

Viens Esprit-Saint visiter ceux qui souffrent dans leur psychisme, tous ceux dont les blessures psychiques entravent la liberté.

Nous te prions également pour les personnes prises dans des relations toxiques.

Citations pour approfondir…

Avarice :

Celui qui se laisse dominer, si peu que ce soit, par l’avarice, ne fera jamais aucun progrès dans la vertu.

 L’avarice est la perte de l’âme. M 17/5

 L’expérience montre que les personnes adonnées aux péchés des sens se convertissent plus promptement que celles qui sont adonnées à l’avarice. M18/5

 Celui qui désire posséder de grands biens n’aura jamais une grande dévotion. M 19/5

 Tous les péchés déplaisent à Dieu ; mais, plus que tous les autres, la sensualité et l’avarice, qui son très difficile à guérir. M20/5

 Nous devons toujours prier Dieu de ne pas permettre que nous soyons dominés par l’avarice, mais de nous faire la grâce de vivre détachés de toutes les affections de ce monde. M 21/5

Aussitôt que nous aurons rejeté loin de nous les sordides haillons de l’avarice, nous serons revêtus de la vertu opposée, la libéralité, comme d’un royal et impérial vêtement M21/9

Détachement :

Celui qui veut atteindre la perfection ne doit être attaché à rien. M 23/5

Quand vous achetez quelque objet, que ce ne soit jamais par attachement pour cet objet, mais par besoin et par nécessité, car il ne faut pas acheter des attachements. M 14/12

Les anciens patriarches possédaient de grands biens, ils avaient des femmes et des enfants, mais ils vivaient sans attacher leur cœur à ces biens fragiles. Ils regardaient comme n’en ayant que l’usage et se tenaient prêts à les abandonner dès que la majesté de Dieu leur demanderait ce sacrifice M9/11

 C’est une bonne chose que de renoncer au monde et à nos biens pour servir Dieu ; mais ce n’est pas assez. M 24/5

Donnez-moi dix hommes réellement détachés du monde, et je crois de tout mon cœur qu’avec eux je convertirai le monde. M 3/12

Les personnes de qualité doivent être vêtues d’une manière conforme à leur rang et se faire accompagner par les serviteurs qu’exige leur état, mais la modestie doit aller partout avec eux. M 27/9

Détachement des personnes :

Les pères et mères de famille doivent élever leurs enfants dans la vertu, les considérer comme les enfants de Dieu plutôt que comme les leurs propres, regarder la vie, la santé, tous leurs biens comme autant de choses que Dieu leur a prêtées. M8/10

de l’honneur :

Celui qui ne peut pas se résigner à la perte de son honneur, ne fera jamais aucun progrès dans les choses spirituelles. M25/6

« Tout ce que je suis » :

Pour bien prier, il faut l’homme tout entier M 10/9

 Que personne ne se cache sous un masque de peur de commettre de graves fautes. Détruisez tous les voiles hypocrites qui vous font paraître ce que vous n’êtes pas. M 7/1

Jour 2 (samedi 31 mai – fête de la Visitation)

« Esprit-Saint, je t’offre mon corps, mon âme et mon esprit.

Je mets à ta disposition tout mon temps … »

Saint Philippe, pour ce deuxième jour de la neuvaine, apprends-nous à bien utiliser notre temps, à l’offrir sans cesse à l’Esprit-Saint,

à vivre tout le temps en Dieu.

 Aide-nous à progresser dans la prière continuelle et la patience.

Donne-nous ta confiance en la Vierge Marie, qui en ce jour de la Visitation, pourra aussi nous enseigner la vie en Présence de Dieu.

L’engagement de saint Philippe ne concerne évidemment pas uniquement son corps…

« Je t’offre mon corps, mon âme et mon esprit… » C’est bien sûr tout son être qu’il a donné à Dieu ! Toute sa personnalité, tout son psychisme, et toute sa vie spirituelle… Tout est offert à l’Esprit-Saint…

Concrètement, comme nous vivons dans le temps, cela passe forcément par la mise à disposition de tout notre temps. Ce sera notre prière pour aujourd’hui : « je mets à ta disposition tout mon temps… » Nous continuerons à explorer le don de notre âme et de notre esprit dans les jours qui viennent…

Philippe, une fois devenu prêtre, passe beaucoup de temps à confesser. Certains jeunes qu’il accompagne viennent se confesser à lui tous les jours. Il se rend compte qu’après leur confession du matin, les jeunes qui vivent dans l’oisiveté l’après-midi sont très tentés par le péché et même y tombent puisqu’ils reviennent se confesser le lendemain. C’est comme ça que lui vient tau début l’idée d’organiser l’après-midi pour ces jeunes des réunions de prière et de partage spirituel afin qu’ils ne demeurent pas oisifs. Ces réunions informelles au début vont peu à peu s’organiser pour devenir « l’Oratoire »…  Il mettra donc toujours les jeunes en garde sur le danger de l’oisiveté et la nécessité de bien utiliser son temps… le plus possible pour Dieu bien sûr… Mais cela ne veut pas dire que tout le monde doive passer sa vie aux réunions de prière de l’Oratoire

Il dira souvent que même dans les affaires du monde, on peut « faire le bien », vivre en Dieu… Il conseillera parfois à des jeunes filles un peu trop « mystiques » de se marier…Il ne considère pas du tout la vie ordinaire comme un obstacle pour vivre avec Dieu…

Cependant il insistera beaucoup sur la nécessité de l’oraison !

La prière d’oraison est en effet un lieu privilégié de la rencontre avec Dieu dans le temps. Mais évidemment, tout instant, peu importe l’activité, peut être vécu dans l’Amour, vécu en Dieu. C’est la prière continuelle…

Philippe découvre surtout l’oraison solitaire lorsqu’il était apprenti marchand de tissus chez son oncle, d’où il s’échappe régulièrement pour aller prier de longues heures dans la faille d’un rocher surplombant la mer, à Gaeta. A son arrivée à Rome, il continue à rechercher la prière solitaire, surtout la nuit, sous les porches des églises ou dans les catacombes. (Voir la biographie pour plus de détails)

Ce sont ces nuits de cœur à cœur avec Dieu, d’intimité avec l’Esprit-Saint, qui le propulsent ensuite la journée dans ses balades évangélisatrices à travers la ville, au chevet des malades, des pauvres, des mourants…entrecoupées de haltes dans diverses églises. Son oraison nocturne se prolonge ainsi toute la journée dans ses activités apostoliques. Et plus tard, quand il sera prêtre, dans son ministère de confession et d’accompagnement spirituel des jeunes…et moins jeunes. L’oraison chez Philippe est à l’image du reste de sa vie : très libre, en se laissant totalement guider par l’Esprit-Saint. Il a connu saint Ignace de Loyola et admiré sa méthode de prière formalisée dans les Exercices spirituels. Mais ce n’était pas pour lui… Il est plutôt spontané, sans méthode particulière…

Sa prière n’est cependant pas sans aucun fondement. Elle s’appuie beaucoup sur l’Ecriture, spécialement l’évangile de saint Jean ; et sur les Pères du Désert qu’il admire particulièrement et relit sans cesse. Il dira vers la fin de sa vie, à propos de ces ermites du désert, « ceux qui vivaient comme moi » : il se sent ermite dans le cœur, tout en ayant été en relation avec énormément de personnes de toutes sortes, pendant toute sa vie…

Il veut bien sûr partager son esprit de prière avec ses disciples.

Il ne le fait pas à la manière de saint Ignace, par une méthode, mais par l’exemple. Les réunions de prière de l’Oratoire l’après-midi sont surtout axées sur l’enseignement (que l’on approfondira un autre jour). Mais le soir, pour les plus motivés, il y a encore un temps de prière silencieuse ensemble où c’est seulement par l’exemple de sa propre prière que Philippe instruit ses disciples. Son visage paisible et rayonnant les entraîne spontanément dans le recueillement.

Il insistera aussi sur les prières jaculatoires, petites prières à répéter souvent pour rester en présence de Dieu à travers toutes les occupations.

Lui-même pratique beaucoup ces prières jaculatoires, notamment à l’Esprit-Saint. Un de ses proches disciples de la fin de sa vie, témoignera qu’il l’entendait constamment chanter à mi-voix des prières spontanées à l’Esprit-Saint…

Il recommande aussi une prière à Marie, à dire sur un chapelet à 63 grains : « Vierge Marie, Mère Vierge, priez Jésus pour moi »

La Vierge Marie est très importante pour Philippe. Il la voit surtout en lien avec l’Esprit-Saint, elle est la « comblée de grâce », la comblée d’Esprit-Saint. Et il intercède avec elle pour demander l’Esprit-Saint pour tous : « ils n’ont pas de vin… » Ils n’ont pas l’Esprit-saint… C’est Marie au Cénacle, Marie demandant l’Esprit-Saint… Mais lui vit déjà dans la Présence de Dieu à chaque instant.

Ce qui lui donne aussi une grande patience. Comme tout est vécu en Dieu, tout est bien… Quels que soient les événements, les adversités, Philippe reste serein…

Philippe était d’ailleurs parfois tellement « en Dieu » qu’il n’avait plus trop la notion du temps ! Ses messes duraient parfois plusieurs heures…Vers la fin de sa vie, c’est surtout pour communier qu’il prenait au moins deux heures…

Il a aussi eu une grande patience avec lui-même. Après son arrivée à Rome, tout jeune, il a fallu une vingtaine d’années avant qu’il ne trouve sa « vocation ». Il s’est laissé conduire par l’Esprit-Saint dans la patience, il n’a pas voulu hâter les choses en s’engageant dans une communauté, un état de vie avant d’être sûr que c’était là que le Seigneur le voulait.

La patience envers son prochain, nous aurons l’occasion de l’approfondir plus tard dans la neuvaine, avec le thème de la charité. Aujourd’hui, c’est surtout « je mets à ta disposition tout mon temps » donc surtout la patience envers soi-même…

Accepter le temps nécessaire à notre croissance, notre maturation progressive…

Et nous ?

Comment utilisons-nous notre temps ? Est-ce que nous le « perdons » parfois en activités qui ne sont pas très utiles (réseaux sociaux, séries, jeux vidéo…) ? L’oisiveté contre laquelle Philippe mettait en garde les jeunes est maintenant surtout sur les écrans…

Et quel est notre rapport au temps en général ? Est-ce que nous sommes tout le temps en train d’anticiper, de penser à demain ? Ou au contraire, à ressasser le passé ? Est-ce que nous sommes capables d’accueillir la grâce du moment présent ?

Quelle est la place de la prière, de l’oraison en particulier, dans notre vie ? Est-elle le cœur de notre vie, pour irriguer chaque activité ? Est-ce que nous restons en Présence de Dieu dans nos diverses activités ?

Demandons à l’Esprit-Saint de nous éclairer aujourd’hui sur notre vie de prière et notre vie en présence de Dieu. Quel petit pas vers la prière continuelle l’Esprit-Saint nous inspire-t-il aujourd’hui ?

Et au sujet de la patience ? Comment supportons-nous les contre-temps, les temps d’attente ? Avec impatience ou sérénité ? Avons-nous de la patience envers nous-mêmes ? Acceptons-nous que la croissance, la maturation prenne du temps ? « On ne devient pas saint en quatre jours », disait Saint Philippe…

Demandons à l’Esprit-Saint de nous éclairer aujourd’hui sur notre vie de prière et notre vie en présence de Dieu. Quel petit pas vers la prière continuelle l’Esprit-Saint nous inspire-t-il aujourd’hui ?

Esprit-Saint, apprends-moi à accueillir Ta Présence à chaque instant, à travers toutes mes activités.

Donne-moi la force de quitter les activités inutiles.

Eclaire-moi sur le petit pas que tu veux me donner de faire aujourd’hui vers la prière continuelle. Montre-moi ce que tu attends de moi concrètement pour que le temps particulier de l’oraison puisse irriguer toute ma journée et ainsi réellement mettre à ta disposition tout mon temps.

Vierge Marie, Mère Vierge, prie Jésus pour moi, visite-moi pour que je devienne comme toi un Temple de l’Esprit-Saint à chaque instant.

Viens Esprit-Saint, visiter le cœur de tous ceux qui ne connaissent pas Dieu, qui ne croient pas en son Amour. Viens leur révéler Sa Présence…

Viens fortifier la foi de ceux qui ont déjà rencontré Dieu mais se trouvent actuellement dans le doute. Viens les rassurer sur la proximité de son Amour et de sa Miséricorde.

Citations pour approfondir…

Oisiveté :

Les jeunes gens doivent être très attentifs à ne pas s’abandonner à l’oisiveté. M 20/3

L’oisiveté est un fléau pour le chrétien ; nous devons donc faire toujours quelque chose, surtout quand nous sommes seuls dans notre chambre, de peur que le démon ne survienne, et, nous trouvant oisifs, nous fasse tomber dans ses pièges. M 30/10

Nous n’avons pas le temps de nous endormir ici-bas ; le paradis n’est pas fait pour les paresseux. M 6/8

Servir Dieu en toute activité :

Que les personnes qui vivent dans le monde se sanctifient dans leurs propres maisons ; ni la cour, ni les affaires, ni les travaux matériels, ni les diverses professions ne sont des obstacles qui empêchent de servir Dieu. M 20/1

Prière :

Le plus grand secours qu’on puisse avoir pour persévérer dans la vie spirituelle est l’habitude de la prière… M 20/2

Il n’y a rien que le démon craigne plus que la prière, rien qu’il ne s’efforce plus d’empêcher. M21/2

Le meilleur moyen d’apprendre à prier est de reconnaître que nous sommes indignes d’un si grand bienfait et de nous remettre entièrement entre les mains de Dieu. M 25/2

Il n’y a rien de meilleur pour l’homme que l’oraison, et sans elle il ne peut prétendre faire de vieux os dans la vie spirituelle. M 15/3

Le Saint Esprit est le maître qui nous enseigne la prière, c’est lui qui nous fait demeurer dans une paix continuelle et un contentement qui est un avant-goût du paradis. M 27/5

 Si nous voulons que le Saint Esprit nous enseigne à prier, nous devons pratiquer l’humilité et l’obéissance. M 28/5

Prière continuelle :

Pensez toujours que vous avez Dieu devant vous. M 14/2

C’est une vieille coutume, parmi les serviteurs de Dieu, d’avoir toujours prêtes quelques petites prières et de les lancer fréquemment vers le ciel, durant la journée, pour diriger leur esprit vers Dieu et le retirer de la boue de ce monde. Celui qui adoptera cette coutume, avec peu de peine retirera beaucoup de fruits. M 11/11

 Le nom de Jésus, prononcé avec respect et amour, a un pouvoir particulier pour adoucir le cœur M 14/1

Patience :

La patience est nécessaire au serviteur de Dieu. Ne soyons jamais désolés par les peines de la vie ; attendons avec calme la consolation. M 19/11

Un des meilleurs moyens pour obtenir la persévérance, c’est la patience. Il ne faut pas vouloir tout faire à la fois et devenir un saint en quatre jours. M 19/8

Jour 1 (vendredi 30 mai)

« Esprit-Saint, je t’offre mon corps… »

Saint Philippe, toi qui as vécu une amitié si intense avec l’Esprit-Saint, intercède pour nous en ce début de neuvaine. Sois notre guide et notre ami, partage-nous ta ferveur et ta disponibilité à l’action de l’Esprit-Saint, pour qu’à la Pentecôte nous soyons vraiment renouvelés dans l’Amour, au service de nos frères et sœurs, pour leur salut et pour la gloire de Dieu…

En ce premier jour, apprends-nous surtout comment nous pouvons davantage offrir notre corps à l’Esprit-Saint, toi qui as vécu de façon si explicite la « possession » de ton corps par l’Esprit-Saint.

Un jour, une dame rencontre Philippe pour la première fois. Elle assiste à sa messe et le voit agité et parfois se soulever de terre. Elle en est scandalisée et pense qu’il est possédé (par le démon). Puis, elle se repent de cette pensée et va s’en confesser à Philippe. Philippe éclate de rire et s’émerveille de l’expression. Il répète alors plusieurs fois : « Oui c’est vrai…je suis possédé, oui, je suis possédé… » (par l’Esprit-Saint…) 

D’où lui vient cette « possession » par l’Esprit-Saint ?

A l’âge de 28 ans (en 1544), Philippe a vécu une Pentecôte très particulière, une rencontre très forte avec l’Esprit-Saint.

La veille de la Pentecôte, alors qu’il prie ardemment pour recevoir les dons de l’Esprit-Saint, dans le but de pouvoir Lui être utile, une boule de feu lui pénètre dans la bouche et va se loger dans sa poitrine où elle le brûle d’un feu d’Amour qui ne s’éteindra plus jamais…

Physiquement, son cœur s’est dilaté au point de rompre plusieurs de ses côtes et de les maintenir ensuite en position incurvée autour de ce cœur trop grand.

Après cet événement, toute sa vie, Philippe aura des palpitations de cœur extrêmement fortes, allant parfois jusqu’à faire trembler toute la pièce, surtout lorsqu’il célèbre l’eucharistie ou même parfois simplement en pensant à Dieu.

Une chaleur intense l’habitera toujours, la plus forte au niveau du cœur, qui est vraiment brûlant, mais irradiant aussi dans tout son corps…

Cette chaleur physique s’accompagne bien sûr d’un embrasement intérieur par le Saint-Esprit, qui ne cessera de le brûler d’un amour ardent pour Dieu et son prochain. Cet embrasement est parfois si fort qu’il se roule par terre en criant « assez, assez, je n’en peux plus ! » …mais dans le fond, l’Amour n’en a jamais assez ! Alors il continuera d’offrir son corps, pendant toute sa longue vie, à l’ardeur le l’Esprit-Saint…

De l’extérieur, cela peut sembler formidable de brûler ainsi d’amour…Mais en réalité, c’était plutôt une épreuve pour lui cette brûlure permanente, d’avoir toujours trop chaud, d’être handicapé par des tremblements violents etc…

Mais ce n’est que la partie visible…son corps est fondamentalement offert à l’Esprit-Saint de bien d’autres manières moins spectaculaires. Par des renoncements au niveau de la nourriture (il se nourrit seulement de quelques olives et un peu de pain),  du sommeil (il passe une bonne partie de ses nuits à prier et plus tard à confesser), de la sexualité… Il a toujours été très chaste mais a dû supporter et vaincre de nombreuses tentations contre l’impureté. Ce qui lui a donné à la fois une grande compassion pour les pécheurs mais aussi une grande insistance sur la pureté du corps pour les jeunes qu’il accompagnait. Comme conseil dans ce genre de tentation, il préconisait surtout la fuite ! Et la prudence… (voir les citations ci-dessous)

Donner son corps, c’est aussi l’accepter tel qu’il est !

Philippe le fait, par exemple, en accueillant humblement sa trop vive sensibilité et les larmes d’émotion qui le submergent bien souvent…et l’empêchent même parfois de parler. Vers la fin de sa vie, il ne pouvait d’ailleurs presque plus parler du tout.

Il le fait également en supportant avec patience des maladies et des infirmités physiques de toutes sortes.

Donner son corps, c’est aussi donner par son corps … Il ne craint pas les gestes physiques pour prendre soin et réconforter les malades, les mourants. Et même les pénitents angoissés, ils les serre sur son cœur pour les consoler… et souvent ils se trouvent apaisés instantanément au contact de son cœur brûlant…

Et nous ?

Quel enseignement pour nous ? Il ne faudrait pas s’arrêter aux phénomènes extraordinaires que Philippe a vécus au niveau de son cœur et de tout son corps, en se disant du coup que tout cela n’est pas pour nous… Ce ne sont pas ces phénomènes en eux-mêmes qu’il faut regarder mais les indices qu’ils nous donnent sur la manière dont nous pouvons, nous aussi, nous donner à l’Esprit-Saint, avec tout notre corps.

Cette grâce de Pentecôte lui a été donnée alors qu’il priait l’Esprit-Saint de lui donner ses dons pour pouvoir L’aider, Lui, l’Esprit-Saint ! Pour être à son service…au service de l’Amour…Il attendait de l’Esprit-Saint, non pas des dons pour lui-même mais que l’Esprit-saint le conduise encore plus, l’anime encore plus dans son œuvre d’évangélisation… C’est donc ça le but… c’est bien de la « prière pour l’évangélisation » dont il s’agit !!

Ce qui caractérise Philippe aussi, c’est de s’être offert sans réserve, sans crainte de « trop » donner… Nous non plus, n’ayons pas peur de « trop » donner et laissons l’Esprit-Saint faire tout ce qu’Il veut de nous…

Mais si le don de son corps a été total chez saint Philippe, il n’en a pas moins été progressif !

Cette grâce de Pentecôte a patiemment été préparée par l’engagement de plus en plus profond de Philippe, au prix de petits et grands renoncements… Alors forcément, le don de l’Esprit-Saint a pu se déployer, se mouvoir librement en lui, au point de paraître ainsi au dehors.

En ce début de neuvaine, c’est peut-être le moment de prendre un engagement concret, lié à notre corps… pour que l’Esprit-Saint puisse vivre plus librement en nous.

Les possibilités sont variées :

  • le jeûne, bien sûr et plus largement, ce qui concerne la nourriture…
  • une décision concernant une addiction…
  • tout ce qui concerne la pureté, la sexualité 
  • l’acceptation de notre corps tel qu’il est, avec ses beautés et ses fragilités, et non tel qu’on le rêve…
  • l’offrande de nos maladies, handicaps, douleurs physiques, vieillissement… : « Ma vie, nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même » (Jn 10,18)
  • les gestes physiques que l’on n’ose pas toujours poser, pour réconforter…
  • et même l’accueil de ce que l’Esprit-Saint voudrait faire en nous, la transformation qu’il veut peut-être réaliser, en n’excluant pas les répercussions physiques…
  • etc…

Esprit-Saint, à quoi m’appelles-tu aujourd’hui concernant mon corps ?

Qu’est-ce qui me fait encore peur, qu’est-ce que je réserve pour moi ?

Sur quoi suis-je crispé ? Où est-ce que je ne te laisse pas faire librement ? Eclaire-moi, Esprit-Saint,

et puis donne-moi la force de te l’offrir

en un don sans réserve.

Esprit-Saint, viens visiter ceux qui souffrent dans leur corps, d’une maladie ou d’un handicap. Viens les fortifier, les consoler, et les faire entrer dans le don d’eux-mêmes.

Viens visiter aussi ceux qui souffrent d’une addiction, viens les aider à pouvoir s’en libérer.

Viens Esprit-Saint…

Citations pour approfondir… (Maximes et sentences de saint Philippe Neri pour chaque jour de l’année)

« Il faut se donner à Dieu entièrement et sans réserve » M 22/12

« Dieu fait son bien propre d’une âme qui s’est donnée à lui complètement »

M 23/12

« La première bataille que l’homme spirituel doit mener est celle concernant le péché de gourmandise, parce qu’une fois vaincu et dépassé, on arrive à vaincre l’orgueil, on déracine et détruit la luxure, on tempère la colère et avec beaucoup de facilité on restera victorieux devant toute tentation ; et au contraire, si on se laisse vaincre par ce péché, il sera difficile, voire impossible, de changer sur d’autres points qui dépendent de la gourmandise. »

« A table, surtout lorsque vous êtes conviés, vous devez manger toute sorte d’aliments et ne point dire : j’aime ceci, je n’aime pas cela. » M 29/4

« Dans les combats avec la chair, il n’y a que les peureux qui remportent la victoire, c’est-à-dire ceux qui savent fuir. » M 6/4

« En matière de pureté, il n’y a pas de plus grand danger que de ne pas craindre le danger ; celui qui ne se défie pas de lui-même et qui marche sans peur est exposé aux plus graves périls » M 28/3.

« Quand une personne se place elle-même dans une occasion de pécher en disant : je ne tomberai pas, je ne commettrai pas cette faute, c’est un signe presque infaillible qu’elle tombera et que sa chute sera très funeste à son âme. »M 8/4

« Que les malades entrent dans le côté de Jésus-Christ et dans ses très saintes plaies ; qu’ils ne soient pas effrayés, mais qu’ils combattent généreusement, et ils demeureront victorieux. » M 20/4

« Dans nos maladies nous devons prier Dieu de nous accorder la patience ; car il arrive souvent que, lorsqu’on se porte bien, non seulement on ne fait pas le bien qu’on s’était proposé de faire pendant qu’on était malade, mais on multiplie ses fautes et son ingratitude. » M 10/12

Esprit-Saint,
Je t’offre mon corps,
mon âme et mon esprit.

Je mets à ta disposition
tout mon temps,
Tout ce que je possède
et tout ce que je suis.

Remplis mon coeur,
éclaire mon intelligence
et conduis ma volonté.

Rends-moi humble et confiant(e)
pour que je puisse quitter tout mal
et vivre dans la sainteté.

Que par toi, ma vie soit un acte d’amour,
au service de mes frères et sœurs
pour leur salut et pour la gloire de Dieu.

Amen